Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour savoir ce que je pensais de Sesam (ou plutôt en majuscules si l'on s'en tient aux pages officielles de l'Internet), quintette messin de jazz-rock progressif. Quelques vidéos sur le tube ("Magnus" et "Parādaiĵah") m'ont convaincu assez rapidement de l'intérêt de ce projet. Et manifestement, je ne suis pas le seul. Lauréat du dispositif "Les Inouïs" du Printemps de Bourges cette année, le groupe a sorti un premier album en mai dernier s'intitulant Modern voodoo. Il y a, en effet, un aspect religieux et mystique dans leur approche musicale, quelque chose d'impénétrable. Écouter ces 5 titres de 47 minutes, c'est accepter de sortir du concept de la temporalité. On se laisse tellement bercer instantanément par les vagues et les mouvements proposés par ces musiciens émérites qu'on ne sait même plus quel titre on en train d'écouter. Pas complètement expérimental, Sesam privilégie plutôt l'exploration dans l'esthétisme sonore que l'impro casse-gueule indigeste. Ainsi, c'est plutôt un jazz à la Miles Davis qu'on savoure sur "Modern voodoo", de l'ambient propice à la méditation sur "Passages" et "Jean-Luc", du prog-rock jazzy aventureux sur "One year beneath the ice" et quelque chose de plus post-rock sur "Billions steps". Un programme musical parfait pour tuer l'ennui.
Publié dans le Mag #58