Pas loin d'égaler les Guns N Roses en ce qui concerne les rebondissements sur la sortie d'un éventuel sixième album (Mezmerize et Hypnotize datent de 2005, oui, ça ne nous rajeunit pas), System Of A Down a du mal à se mettre d'accord pour écrire et jouer ensemble (bon, au début des années 2000, ils jouaient déjà assez peu "ensemble" en concert, c'était leur principal défaut...). Serj Tankian a beau présenter des bouts de morceaux, il se fait rembarrer et doit les ranger au fond de ses placards. Certainement lassé par la situation, il a décidé de rebosser quelques vieilles démos et d'en faire un EP pour tuer le temps avec son vieux pote Dan Monti. Histoire de chatouiller un peu les fans, il intitule la bestiole Elasticity pour faire un clin d'œil à Toxicity mais ces "chutes" sont loin d'être du niveau de l'album culte de SOAD. Dès la pochette (qui provoque naturellement un mouvement de recul), on comprend que si les goûts et les couleurs ne se discutent pas, Serj a vraiment des goûts de chiotte pour ses artworks (c'était pourtant peu évident de faire pire que Harakiri).
Intro en roue libre, rasade d'électro (pour remplacer une grosse gratte ?), il faut attendre la partie la plus mélodique pour accrocher à "Elasticity", dommage d'avoir revu ses titres en version "rock" pour cette sortie, avec davantage de patate, on en aurait certainement davantage parlé. Le morceau est sympa, le clip aussi, mais il manque un truc pour qu'on adhère totalement. "Your mom" traite de politique, vindicatif, il intègre aussi quelques éléments folkloriques, difficile de comprendre pourquoi le reste de SOAD n'a pas voulu de cette piste de facture assez proche de ce qu'ils ont l'habitude de nous concocter. "How many times ?" s'ouvre avec un piano, la tension monte progressivement, c'est aussi assez classique, Serj Tankian met en avant ses talents vocaux, dommage que les arrangements viennent un peu saloper le tout qui méritait certainement plus d'intimité. Même refrain pour "Rumi", piano et voix nous touchent mais les synthés et les samples ajoutés cassent la dynamique. Merde, Serj, lâche les chevaux comme sur ce dernier "Eletric Yerevan" et vire moi tout ce qui ne sert à rien, ne garde l'essentiel ! Ces satanées boucles électro bouffent tout l'intérêt du morceau qui perd de son essence et donc le message se retrouve brouillé. Fuck.
Le mec a du talent, on le sait, le mec s'ennuie, on s'en rend compte, le mec a trop voulu faire et refaire ces démos, le résultat en est décevant. Plutôt que cet Elasticity, nombreux sont ceux qui auraient préféré les versions "roots" de ces idées ou carrément voir Serj les sortir avec un groupe autour de lui (plutôt qu'un producteur), quitte à faire un clone de SOAD pour un temps (ça n'a pas dérangé Axl Rose d'enregistrer des trucs sans les membres de Guns).
Publié dans le Mag #48