Vous savez comment on fait pour se dégoter un nom de groupe quand on n'a pas d'idée et qu'on est en train de mettre un nouveau projet en route ? Et bien on prend le nom du premier membre, soit ici Jonathan Seilman, puis celui du second, soit Rémy Bellin... (bon, on n'a pas dit non plus que ça marchait à tous les coups non plus!) et on tient plus ou moins le patronyme de ce projet disons... inattendu. Et pour cause, l'un frayait jusqu'alors dans des courants indie-pop lumineux et délicats (avec This Melodramatic Sauna) et l'autre oeuvrait jusqu'alors dans quelque chose de plus dur, post-hardcore machin, rugueux, viril quoi (Goudron). Rejoints par la suite par des membres de Fordamage (Anthony Fleury) et Papier Tigre (Pierre-Antoine Parois), les deux puis finalement quatre compères donc, accouchent quelques temps plus tard d'un album éponyme de (doom)rock atmosphérique foncièrement télé/cinégénique.
Parce qu'il faut bien l'admettre : au moment de faire parler la litanie des influences musicales, on va plutôt chercher du côté d'œuvres cinématographiques sinon télévisuelles. On pensera à l'inévitable Twin Peaks, à la frenchie Les revenants ou à l'anglo-saxonne Top of the lake et si ces deux-dernières sont très largement surestimées (mais là n'est pas le propos), on retrouve dans la musique de Seilman Bellinsky cette impression de lenteur hypnotique, ce côté naturaliste et en même temps organique, séminal qui fait le charme de ses fictions dans lesquelles l'atmosphère est plus importante que l'histoire. Sur l'album aussi, lequel exalte un sentiment d'inéluctabilité rationnelle, une forme de résignation sereine face au cours des choses, au travers de compositions parfois amples, ou plus minimalistes ("Akshipthika", "Wild Cries of "Ha-ha"). Quelques poussées de fièvre électrique et un sens de l'esthétique particulièrement affirmé plus tard, le groupe livre ici une œuvre magnétique et fascinante.
Mais toujours extrêmement maîtrisée, jamais ostentatoire alors qu'elle semble pourtant sûre de son fait. La création de Seilman Bellinsky se veut languissante, contemplative à l'extrême mais parvient à éviter l'écueil - forcément problématique vue la teneur du projet - de l'ennui ("Occidents"). Doom et rock en même temps, tantôt lumineux, tantôt plus ténébreux, entre ying et yang, clair et obscur, le travail du quartet s'inscrit dans une démarche créative particulièrement aboutie ("Mahakali"), évoquant parfois les récents travaux de Mogwai (notamment celui sur la bande-son de la série TV... Les Revenants, on y revient donc). Une écriture qui s'offre également un petit moment de grâce sur l'envoûtant et solaire "Sun dial", avant de boucler la boucle de ce double album, sorti en 2xLP chez toute une flopée de labels parmi lesquels l'excellent Black Basset Records ou le rigolo Loubards Pédés, sur un "Aversion to the decay of impermanence" tribal et libérateur.
Chronique LP / Seilman Bellinsky
Seilman Bellinsky
LP : Seilman Bellinsky
Label : Black Basset Records
Date de sortie : 03/03/2014
LP : Seilman Bellinsky
Label : Black Basset Records
Black Basset Records (350 hits)
Date de sortie : 03/03/2014
Akshipthika
Wild Cries of "Ha-ha"
Occidens
Mahakali
Sun Dial
Aversion to the Decay of Impermanence
Wild Cries of "Ha-ha"
Occidens
Mahakali
Sun Dial
Aversion to the Decay of Impermanence
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Terrier : Là-bas.
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