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Interview : Seeds of Mary, Seeds of Marynterview (nov. 2020)

Interview : Seeds of Mary, Seeds of Mary : Intervi OU

Seeds of Mary / Chronique LP > Love

Seeds of Mary-Love De l'amour dans l'air du côté de Bordeaux ? Ou un amour si incandescent qu'il consume ce cœur sauvage jusqu'à le réduire en cendres ? On peut se poser la question à l'écoute de l'album, certainement plus humain car moins marqué par les machines que le précédent mais néanmoins plus "dur" et métallique également.

Sur certains passages, c'est assez violent avec des riffs et des rythmes appuyés qui nous tombent dessus, mieux vaut donc être averti avant de se plonger dans "New anger", "Fire is bright, fire is clean" ou "Begin the end" où la nonchalance dont peut faire preuve Seeds of Mary débouche sur quelque chose de bien plus métal qu'alternatif. Oui, je les trouve des fois "nonchalants", ils aiment laisser trainer des accords, jouant avec leur amour du grunge (la voix me ramène toujours à Alice in Chains) pour rendre un peu crado des idées lumineuses avec des traces de doigts sur "Amor fati" (une locution latine bien connue des Girondins puisque c'est ainsi que Cantat a intitulé un de ses albums solo), des riffs dédoublés en écho sur "Spiral me down" ou un chant d'outre-tombe sur un "Begin the end" à l'architecture complexe. Si l'ensemble est donc plutôt sombre, on trouve tout de même quelques mesures éclairantes comme ce superbe solo pour la fin de "Love", des notes qui traduisent le respect du groupe envers David Gilmour (Pink Floyd) ou la respiration "Insomnia" qui coupe l'opus en deux parties et ne s'énerve vraiment que sur la fin.

Depuis quelques numéros, on te propose une play-list pour écouter des morceaux de chaque album chroniqué dans le mag, en interne, on doit donc choisir "notre titre préféré" du disque, ce n'est pas toujours facile mais pour ce Love, ça me semble impossible tant il faut prendre les 10 pistes comme un tout, en isoler une n'a pas de sens car elle serait séparée d'une de ses voisines qui la met en valeur et réciproquement... Tu peux donc n'écouter que ce morceau dans la play-list mais je t'encourage à écouter l'intégralité pour te faire un avis plus précis...

Publié dans le Mag #62

Seeds of Mary / Chronique LP > Serendipity

Seeds of Mary - Serendipity En quelques années, Seeds of Mary a réussi à se faire remarquer grâce à la qualité de ses compositions et à progressivement se démarquer de son influence majeure. Alors qu'ils auraient pu creuser le même sillon qu'Alice in Chains, après tout, nombreux sont ceux (comme moi) qui apprécient ce grunge métallique alternatif, ils ont préféré élargir leur musique et y intégrer d'autres influences comme la musique industrielle. On avait déjà évoqué leur goût pour Nine Inch Nails, voilà qu'avec ce nouvel album, quelques passages ne sont pas sans rappeler Marilyn Manson, Une association aussi étonnante que détonante.

Le caméléon change de couleur essentiellement pour montrer ses sentiments, l'option camouflage ne concerne que quelques individus mais est bien plus excitante, c'est donc celle qu'a retenu le commun des mortels... Ici, les Seeds of Mary ne cherchent donc pas à se fondre dans la musique d'un groupe phare ou d'un autre mais bel et bien à exprimer des sensations, ils font varier la température et la vélocité parfois tel un animal mécanique ("Gone astray"), parfois tel une héroïne enchaînée ("The atheist") et parfois même avec une rythmique saccadé et un timbre qui peut rappeler celui de Jonathan Davis de Korn ("Bleed me dry"). L'idée étant toujours de coller aux textes, de laisser transparaître la rage, la mélancolie, le désespoir, voire de casser la dynamique de l'ensemble pour laisser réfléchir l'auditeur à son avenir ("Reinventing you"). Comme si au hasard de l'écoute, on pouvait trouver une utilité à leur musique, qu'elle soit vectrice d'introspection ou un exutoire à des pensées désagréables.

Au-delà de toutes ces considérations qui laissent penser à un album qui part un peu dans tous les sens, Serendipity se déguste sans découpage, le tout s'amalgame aisément car il porte désormais le sceau Seeds of Mary, ce sont leurs influences et leurs aspirations qui amènent à la construction de leur son, de leurs compositions, leurs ambiances. Les Girondins reflètent ce qui les entoure, ce qui a fait ce qu'ils sont mais ne disparaissent pas dans ce paysage, au contraire, ils se servent de tous ces éléments pour mettre en valeur leur talent.

Publié dans le Mag #45

Seeds of Mary / Chronique EP > The sun sessions

Seeds of Mary - The sun sessions En ce début d'année, je disais beaucoup de bien du The blackbird and the dying sun de Seeds of Mary qui continuait d'affirmer ses influences tout en construisant des titres assez fouillés et pointus, refusant toujours la facilité dans un genre (entre le post-grunge et le stoner alternatif) où certains cherchent davantage à atteindre l'efficacité par la facilité plutôt qu'autre chose. Pour conclure une tournée d'une vingtaine de dates cet automne (de Nantes à Grenoble et d'Amnéville à partout autour de Bordeaux) en mode à la cool (quelques showcases et bars), concert avec une belle affiche (partagée avec El Royce ou Klone) ou grosse soirée (avec AqME et Dagoba au BT59, release party avec Bukowski...), les Bordelais offrent un EP (dispo sur Bandcamp) un peu particulier. C'est en effet un double duo qui nous est proposé, d'abord deux titres qui sont des "chutes" de studio, ensuite deux titres qui sont des covers.

Avant d'aller plus avant dans la découverte de ce mini album, je tiens à saluer, comme je le fais souvent, le magnifique travail réalisé pour l'artwork, si l'œil/fleur au verso est un peu énigmatique, la main/arbres sur le recto est sublime, et la couleur, bien qu'inattendue, donne un côté surnaturel et beaucoup de classe. J'adhère. Idem pour les 4 plages, c'est parfois évident de comprendre que telle ou telle chute ne soit pas gardée, ici, "This is where it hurts" ou "A place to disappear" auraient très bien pu se retrouver sur l'album sans l'affaiblir. D'ailleurs si les deux sont à l'origine de l'EP, c'est bien qu'ils valent le coup (et le coût), sinon, autant les laisser dans le placard à archives. Le break avec les effets sur le premier morceau peut déstabiliser mais l'ensemble et les refrains sont suffisamment lourds pour faire pencher la balance du bon côté. Le côté un peu planant (très ou trop Alice in Chains peut-être ?) fait le sel du deuxième qui a ma préférence avec son petit solo en son clair très Gilmour...

Transition absolument pas téléphonée pour aborder la question des deux covers... puisque la première met à l'honneur Pink Floyd et son "Hey you" (même si c'est Roger Waters qui écrit toute la chanson, sur The wall, il ne laisse que des miettes à ses comparses dont le déchirant "Comfortably numb"). Ici, la reprise est excellente car elle garde l'esprit du morceau tout en n'essayant pas de copier l'originale, le son, c'est celui de Seeds of Mary, la disto qui se traîne, le chant qui survole le tout et cette éclaircie magique (but it was only a fantasy, the wall was too high as you can see...) et la reprise déchirante du "Hey you". C'est un des titres les plus forts de l'œuvre personnelle de Waters, elle conserve ici toute sa force. Broken n'est pas le plus emblématique des albums de Nine Inch Nails mais précédant The downward spiral, il témoigne de l'énergie punk de Trent Reznor (très proche à l'époque des productions de Ministry dans le son), très industriel, ce "Wish" sauce bordelaise est plus surprenant par son choix que par son interprétation qui laisse moins de place à la touche perso tant on est marqué par son rythme. Il n'altère pour autant pas la qualité de cet EP remarquable.

Publié dans le Mag #35

Seeds of Mary / Chronique LP > The blackbird and the dying sun

Seeds Of Mary - The blackbird and the dying sun Très belle pochette, digipack soigné, son toujours signé David Thiers (l'homme derrière les manettes en studio est aussi ingé son en live pour Gorod ou Soundcrawler), influences Alice in Chains et post-grunge US, pas de doute sur la marchandise, on est bien avec Seeds of Mary. Les Bordelais sont fiers de leurs références (sinon pourquoi mettre "I am not afraid" en premier ?) mais s'en éloignent régulièrement pour proposer un rock musclé mode bûcherons que l'on rangerait plus volontiers entre 7 Weeks ("Oceanic feeling") et Headcharger ("Here comes the night") que du côté de l'Amérique étant donné la volonté de composer autre chose que des refrains accrocheurs (Nickelback, 3 Doors Down...). Non, les Seeds of Mary cherchent les complications, les enchaînements pointus, le bon timbre, le bon riff, la petite note qui fait la différence, pas question de donner dans la facilité et tant pis s'il n'y a pas un titre qui sort du lot (même le plus posé "The dying sun"), c'est l'album qu'il faut prendre le temps d'écouter et d'apprécier. Leur musique n'est pas un bien de consommation comme les autres, certainement pas une marchandise...

Publié dans le Mag #31

Seeds of Mary / Chronique LP > Choose your lie

Seeds of Mary - Choose your lie Seeds of Mary aime beaucoup Alice in Chains, non seulement parce qu'ils ont un prénom dans leur nom, parce que leur ancien groupe s'appelait D.I.R.T. ou parce qu'ils ont repris "Them bones" avec la plus grande révérence mais aussi parce que dans leur approche de la musique, ils combinent essence grunge et attaques métalliques. Ce premier album (l'éponyme de 2013 est davantage un gros EP) est enregistré avec David Thiers (As the Storm, My Only Scenery...) et sonne très "rock alternatif des 90's". Si l'influence majeure est AiC, le groupe ne s'en contente pas ajoutant des touches plus personnelles entre brin de folie et voix masquée ("Freak show", "King without a sun"). Très ricain post-grunge dans l'approche de ses morceaux, Seeds of Mary place en bonus un titre repris en acoustique ("Killing monsters") mais contrairement à ses comparses d'Outre-Atlantique, ils ne choisissent jamais de tomber dans la facilité et les mélodies calibrées pour la radio quand bien même certaines sont très belles ("Crash). A noter pour finir que le livret contenant les paroles est très joliment construit.