Des années maintenant que le joyeux drille Seb Radix, membre éminent du canal historix lyonnais traîne ses Converses et ses chaussettes sales sur les planches, dans les bars, caves et plus généralement tout endroit où l'on peut faire de la musique amplifiée, et il n'avait pas encore été chroniqué dans le W-Fenec. Shame on us ! Ni pour ce projet solo, qui l'occupe pas mal actuellement, ni pour ses anciens (Kabu Ki Buddah, The Rubiks) ou actuels groupes (Total Eclipse, Top Secret), à part Zone Infinie, par bibi. Je parlais de joyeux drille car même s'il n'aime pas la compèt, je le place direct sur le podium des mecs les plus drôles de la "scène". Si son intervi OU dans ces pages ne vous fait pas sourire, je ne peux vraiment rien pour vous, désolé. Cet humour se retranscrit très facilement en live, où armé de son lecteur K7 à l'ancienne pour les samples, sa guitare, son énergie communicative, son micro et ses bons mots, il est quasiment impossible de passer un mauvais moment, mais on le retrouve aussi sur dixe (j'ai mis un "e" pour une meilleure prononciation), dans ses lyrix. Et sa musix alors ?
1977 est son année de naissance, très vraisemblablement, et son troisième album, qui a le même nom qu'un disque de Ash, intitulé ainsi en hommage au premier Star Wars (enfin le IV) sorti cette même année (1977, donc). Ça va, tu suis ? Album qui se sera bien fait attendre car le précédent, Pop apocalyptique, datait de 2017, avec entre temps un EP, The darbi sex (2019) pour nous faire patienter. Dans 1977, on retrouve donc avec plaisir cette pop lo-fi, un peu foutraque mais bricolée avec toujours beaucoup d'ingéniosité et de malice. En homme-orchestre (il gère le chant, les guitares et la basse, confiant la batterie physique ou synthétique à d'autres), Seb Radix est un peu le Géo Trouvetou de la pop, réussissant à composer de chouettes morceaux au détour d'une ou deux idées (un bon riff, une bonne mélodie, un texte un peu décalé mais toujours très fin, pertinent). Seul petit écueil, je trouve parfois ses chansons un poil trop épurées (autour des 2 minutes). "Voyage" ou "M&M's & MST" (et son ambiance à la Déjà Mort) par exemple auraient mérité un développement plus conséquent, à l'instar de l'excellente "Ashtray", déjà présente sur un précédent disque, mais qui est ici réarrangée et chantée par Mike Watt (des Minutemen, excusez du peu !). D'autres invités de luxe sont à noter quand les paroles sont en anglais, Andy Kerr (No Means No) qui chante sur "SMS" et John No (The Fleshies) sur "People", ou qu'il n'y a pas de paroles mais... des sifflements, avec la participation du siffleur pro (j'ai vu des affiches de spectacles dans le métro !) Fred Radix, son frangin. Tranquille.
C'est plutôt la bonne ambiance qui règne dans 1977, jusqu'au "Police milice" final surprenant par le ton décontracté et l'orchestration zen, et qui vaut bien plus que tous les slogans Oi ou ACAB du monde.
Publié dans le Mag #61