Scarlett Johansson & Peter Yorn - Break up Je sais, vous vous dites, "ouch, Aurelio qui chronique Scarlett, la belle va encore s'en prendre plein la gueule". Oui. mais non. Car, malgré de nombreuses imperfections, Break up se laisse écouter non sans plaisir. Notamment parce Scarlett Johansson n'a pas ici le premier rôle et qu'elle est donc bien moins mise en avant que sur son album de reprises de Tom Waits (Anywhere I lay my head), parce que le disque respire la simplicité et l'atmosphère sixties décomplexée et chaleureuse, mais surtout parce que Pete Yorn la connaît mieux que personne et a su composer des morceaux pour elle. Et elle-seule. Léger et pétillant ("Wear and tear"), parfois sensuel et plus langoureux ("I don't know what you do"), l'album met en musique l'histoire d'une rupture. De celle que tout le monde a forcément connue au moins une fois dans sa vie, douloureuse sur le moment, mais qui laisse finalement des souvenirs agréables et amusants lorsqu'ils nous reviennent au fil du temps.
Pour Scarlett et Peter, le disque étant directement inspiré de leurs expériences de vie, Break up a quasiment des vertus thérapeutiques. Pour l'auditeur, l'effet est sensiblement le même, les deux ont fait un disque avant tout pour eux, mais si le processus de création artistique est, par essence, quelque chose d'assez égoïste, l'album trouvera un écho chez quiconque a laissé un jour échappé l'être aimé. Pop, mais pas trop, folk rockabilly mais peut-être pas assez, guitare aventureuse et rythmiques enlevées, l'album est serti de quelques pépites fruitées aux mélodies veloutées mais jamais trop sucrées, ("Blackie's dead", "I am the cosmos"). Quelques singles essaimés ci et là ("Relator", "Shampoo"), une classe discrète mais omniprésente ("Search your eart", "Clean"), lorsqu'il narre une histoire somme toute universelle, le duo le fait avec pudeur, élégance et une légèreté confondante. Elle inspire, il compose, tout simplement et c'est justement dans cette simplicité que réside l'alchimie de Break up.
L'album de reprises de Scarlett avait tout assouvir les chimères artistiques les plus folles d'une presse bien pensante forcément à genoux devant la belle interprétant des compositions de l'intouchable maître, une hype absolue au service d'une œuvre finalement bancale à la superficialité impersonnelle. La perception critique à l'épreuve du fantasme. Break up, pourtant composé et enregistré avant apparaît comme son opposé. Moins ambitieux sur le fond, il parvient à jouer à merveille l'inversion des rôles sur la forme. Pour preuve de son indéniable potentiel commercial et marketing, il dormait dans les tiroirs de chez Rhino Records depuis plus de trois ans (ironie inside). Aujourd'hui, la simple évocation de Scarlett Johansson suffit à attirer le regard. Pourtant, loin de son statut d'icône de papier glacé, encore plus éloignée de ce qu'elle peut être sur grand écran, lorsqu'elle crame la pellicule par les deux bouts, la muse de Woody Allen ne tire pas la couverture vers elle et n'est finalement que la moitié de cette album composé avec un Peter Yorn quasi inconnu jusqu'alors. Alors oui, Peter est un songwriter plutôt talentueux et non Scarlett n'est pas encore chanteuse, sans doute qu'elle ne le sera du reste jamais. Elle susurre plus qu'elle ne chante, mais comme son alter-ego le l'est pas vraiment plus, les murmures feutrées et les arrangements inspirés évoluent ici en harmonie et confèrent un charme quasi intemporel à un disque finalement bien agréable à écouter encore et encore....