Le coup de poing et les vibrations. Savages c'est la quintessence du rock : ça te happe tout de suite, et ça continue de te fasciner pendant des mois voire, le temps le dira, pour toujours. Adore life, deuxième album de ces quatre nanas qui en ont dans le pantalon, a même le visage d'un Rock qui retrouve son universalité sans jamais renoncer à un millimètre de sa radicalité. Universalité qui explique peut être comment elle se sont ouvert les portes des Inrocks ou de Canal+, ce qui ne manque pas d'ailleurs de leur faire subir quelques diatribes malhonnêtes de quelques intégristes de l'Underground. Le groupe, il est vrai, sait se médiatiser... et au fond, c'est pas si mal, puisqu'il s'agit alors de juger sur pièce. Et clairement, Savages sors du lot. Alors, petit barbu du rock, pour une fois que de la bonne came passe dans les médias mainstream, fais pas ta mijaurée (et profites-en avant que ça ne vienne corrompre le groupe).
Silence yourself, le premier album, avait déclenché un engouement de la critique spécialisée d'un coté et d'un public assez large de l'autre, bref un succès comme on voit plus depuis que le rock est relégué aux caves et aux forums internet. Un album sorti de nul part et qui dynamitait tout ce qu'il touchait en traînant derrière lui cet aura incroyable que porte chacune des quatre musiciennes. Avec un premier album et des titres déjà cultes comme ceux-là, le deuxième ne pouvait être que raté.
Et bien non, si Adore life a peut-être un peu perdu en mystère par rapport à son prédécesseur, il continue de propulser Savages comme l'un des grands groupes de ces dernières années. Plus sombre, plus maîtrisé (trop?) plus intransigeant et plus nerveux encore, il est aussi l'occasion pour les Savages d'aller fouiner un peu plus loin. Une basse carrément électro sur "Surrender", cette ligne de chant inqualifiable sur le deuxième couplet de "Sad person", le tout avec toujours un final en crescendo brûlant comme autant d'orgasmes inévitables. Ce morceau final que seul les grands savent tenir. La ballade éponyme, enfin, tout en relief avec ses accents à la Patti Smith qui vient se poser là en parfait accord avec l'incroyable émeute post-punk qui secoue le reste de l'album.
Car tout se joue ici dans le contraste. Eros et Thanatos. La française Jenny fait osciller sa passion entre rage déchaînée et incantation sublime sur des textes toujours aussi inspirés. Gemma elle fait chialer sa guitare pendant que ses deux collègues taillent dans la rythmique comme des bûcherons sous amphet'. Pas un bémol, pas un morceau un peu moyen ou trop similaire à son prédécesseur sur les dix pépites concoctées pour ce nouvel album. Savages a su sortir du carcan dans lequel certains auraient voulu les enfermer dès le début : un vulgaire female-band qui fait du post-punk. Savages est désormais devenu une entité authentique à part et au dessus de la mêlée. Enjoy (c'est un ordre).
Savages
Review Festival : Savages, Main Square Festival 2017