C'est bien sûr aux Pixies et à Trompe le monde que je pense immédiatement en découvrant Baise le monde, le titre sulfureux du troisième album de Run Ronie Run (RRR). Si le trio manceau, plutôt discret mais néanmoins actif depuis 2009, et composé de Bambirock (chant/basse), Gilles (guitares) et plus récemment Antoine (batterie), a forcément écouté la bande à Frank Black, ce n'est pas pour autant l'influence qui s'entend le plus. La vérité est ailleurs comme dirait Mulder, même s'il s'agit aussi ici de rock alternatif. C'est l'entraînant "Jumping into the pool" qui me fait plonger à pieds joints dans ce disque. Rythmique complice autour d'une basse bien ronde, des guitares incisives, une voix sensuelle, à défaut des Pixies c'est à l'excellent groupe allemand Monochrome (écoutez Éclat, un chef d'œuvre !) que me fait penser RRR, ce que confirme "Instant satisfaction" juste derrière. Un peu plus loin, c'est du côté du Canada et d'un autre groupe mixte, Bran Van 3000, que m'emmène le petit bijou de poésie indie rock qu'est "Monster #2", et direction les USA avec "Divergence", débutant comme un hommage à Veruca Salt et se terminant de manière plus hypnotique pendant les 6 min 30 du morceau. Mais il serait trop facile et faux de réduire RRR à un ersatz de ces groupes nommés. Au-delà de son titre, c'est par sa qualité et sa variété (je n'ai pas encore mentionné les chansons plus posées) que Baise le monde ravira les fans de rock indé.
Publié dans le Mag #61