Rüdiger, comme le nom d'un joueur allemand du Real Madrid récemment taxé d'islamiste par l'un de ses compatriotes journaliste, est le projet d'un musicien basque, Félix Bluff. Connu dans nos réseaux pour avoir été batteur aux côtés de Petit Fantôme et Botibol, Félix a sorti en novembre dernier son deuxième album, The dancing king. Multi-instrumentiste, il s'est toutefois entouré d'une ribambelle de musiciens pour forger sa pop-folk onirique. Parmi ceux-ci, on peut lister Vincent Bestaven (ex-Botibol), le guitariste Joseba Irazoki avec lequel Félix a déjà collaboré, Stéphane Laporte et Olivier Lamm d'Egyptology, Pierre Loustaunau de Petit Fantôme et Laura Etchegoyen de François & The Atlas Mountain. Finalement, The dancing king s'est fait presque "en famille".
Quand débute "Memories", on ne peut s'empêcher de penser au Kid A de Radiohead. Si l'influence du quintet d'Oxford est certes présente, elle se situe en filigrane sur l'ambiance générale de l'album du Basque. Les compositions de Rüdiger peuvent tout aussi bien évoquer, selon les référents de chacun, Air ("Spot on"), les Beatles ("Where I belong"), la folie pop-electro d'Animal Collective ("The receiver") ou bien les mélodies gracieuses et volatiles de Robert Wyatt ("The dancing king"). Ce qui caractérise tous ces artistes cités se retrouve dans The dancing king : une liberté créative salvatrice, un magnétisme sonore, une écriture sophistiquée sans que ce soit trop acide. Comme une bonne recette de cuisine, Félix a su doser les ingrédients dont il s'est servi (ou emprunté) pour en faire un album fouillé, sublimé d'arrangements fleuris et aussi bon, si ce n'est meilleur, que Before it's vanished sorti trois ans auparavant. Le roi danse, et nous avec.
Publié dans le Mag #60