24 images/seconde On l'attendait ce foutu disque. En tout cas, pour avoir suivi l'actualité du groupe assez régulièrement grâce aux newsletters du groupe, les amateurs de la troupe de la Ruda (fini le Salska !) comme moi ont su patienter avec des infos et des humeurs des morceaux. Ils avaient prévenus, ils ont tenu parole, les gars de la Ruda 2004 seront rock ou ne seront pas. Alors oui, c'est vrai, on peut être étonné de la tournure des évènements pour un groupe qui a démarré en claquant pas mal de titres festifs, notamment sur le premier album, mais il faut se rendre à l'évidence que 24 images/seconde est un album logique. Logique et puissant. Puissant et tripant. Tripant et...juste. Alors, tout de suite, mettons de coté les éventuelles reflexions de retournage de veste ou opportunisme vers un style qui semble revenir en force. Et intéressons nous aux brûlots servis par les huits angevins. Premier constat, et de taille : le rock de la Ruda est burné. Burné au niveau des guitares, qui prennent énormément d'ampleur sur ce disque ("Paris en bouteille", "Pensées malsaines", le punk "l'eau qui dort" et bien d'autres !!!). La batterie joue le jeu du punk et de la puissance, ça frappe fort et c'est ce qu'on aime. la Ruda réussit à nous faire suer alors que la tournée n'a pas encore débuté. Et c'est bien une des premières fois que ça arrive. Ensuite, et deuxième bonne surprise, les cuivres ne font pas de remplissage. Non pas que ce fût le cas auparavant, mais à l'écoute des bombes de 24 images/seconde, on a l'impression que les sax, trombone et autre trompette sont d'une cohérence incroyable avec les autres instruments. C'est flagrant et c'est carrément intelligent. Tous les instruments sont mixés à égalité, et paradoxalement, c'est comme ça que chacun d'entre eux se distingue des autres. Concernant la prod et le son, bien sûr, rien à redire là dessus, tout est nickel. Mais ce disque n'est pas seulement rock à sens unique. Evidemment, le groupe explore quelques pistes dansantes et en contre temps, comme pour le très Skatalites "Chanson pour Sam" d'une justesse et d'une finesse jouissive, et autres skas comme "L'époux des rancoeurs " proche d'une bonne humeur à la Babylon Circus ou le très léger "Tonio". Bref, rock ou ska reggae, la Ruda restera toujours la Ruda. Vif comme l'éclair et léger comme une plume, qui sait triturer les Les Paul et caresser la caisse claire sans jamais perdre en crédibilité. L'ensemble a été épuré, ça fait du bien, retour aux racines dans le plus simple appareil. Et le groupe explore également des pistes très interessantes, très ambiantes comme pour le merveilleux "Naouël", à l'intro electro très mysterieuse et au refrain béton rock. Une grande réussite. Seul petite ombre au tableau, le choix du premier single pas très représentatif de ce disque. Peut être pour rechercher un nouveau public. Enfin, tout ceci n'est qu'un détail par rapport à un disque d'une qualité indéniable à la maturité bien huilée. Bien sur, je ne parle pas des textes, ils sont toujours aussi irrésistibles, et plus besoin de livret pour comprendre tous les poèmes de Pierrot. Que demande le peuple? Des concerts à la hauteur de la qualité de cette galette. Et ils vont nous en servir, des concerts puissants. Je suis pas devin, mais je le sais. C'est la Ruda, merde !!!