la ruda salska : l'art de la joie Printemps 1999, alors que les beaux jours reviennent, La Ruda sort son deuxième disque intitulé L'art de la joie. Le groupe, à force de tourner sans cesse et avec l'expérience d'une première production, a mûri et c'est tant mieux. 1ère constatation, le son : il est nettement plus proche de l'esprit "live" du groupe. La batterie claque fort, les cuivres sont énormes et les guitares incisives. Comme l'explique le chanteur Pierrot, la Ruda Salska a pour caractéristique de jouer une musique mélangeant le rock et le ska. Et c'est vrai qu'avec ce disque et ce son beaucoup mieux travaillé, on se rend compte que la formation passe d'un rock très lourd à un ska très festif et ce avec beaucoup d'aisance. C'est ainsi que le disque ouvre avec un "bruit du bang" super musclé avec de grosses guitares et des cuivres omniprésents. Puis la pression est maintenue avec "Selon", titre très ska qui oblige l'auditeur à danser n'importe où il se trouve. "Que le bon l'emporte" et "Rien venir" jouent sur ce contraste rock-ska. Puis vient l'hymne anti-capitaliste de l'album, "Tant d'argent dans le monde" qui mélange au sein du morceau du rock et du ska, et ce avec une fluidité déconcertante. L'harmonie et la cohérence sont de mise. Et l'auditeur est ensuite replongé dans l'époque où Paris s'appelait encore Paname et où les truands avaient la rose au costume, à la grande époque du banditisme : "Du rififi chez les branques" avec ses textes Audiardiens nous livre un ska très fin et léger. La fête, toujours la fête avec "l'affût du ram-dam" et ses rythmes chaloupées et rentre dedans à bloc ! S'ensuit un ska teinté de jazz nommé "numéro 23". "Toute ressemblance avec des faits existants ou ayant existé ne serait que pur coïncidence" : "Le gauche",c'est l'histoire de Catherine Mégère la fasciste sur un tempo entraînant et basculant dans un ska très lent !! C'est ça la Ruda Salska : une musique festive et débordante d'énergie accouplée à des textes forts et graves, comme pour créer une sorte de contradiction, et ainsi mieux faire ressortir ces contrastes qui se combinent ici à merveille. "L'art de la joie", le bien nommé, le ska flirtant une nouvelle fois avec le rock lourd ("la joie ne s'enferme pas...non ! la joie ne s'enferme pas, elle fait don puis s'en va, elle n'appartient qu'à qui la croit"). Le morceau le plus festif pour des textes correspondant bien au groupe, c'est "l'école des sous-sols", où l'histoire du live sous un fond de rock 'n' roll et de bonne humeur assurée ! ("...Au royaume des slam et larsen ...et que le feu prenne !"). "Anathème" développe encore la recette miracle du grand orchestre de la Ruda Salska, mais le clou de ce disque réside inévitablement dans ce magnifique "Barton killer" qui clôture cet album, sur un tempo hyper rapide fondé sur le ska. Les histoires d'amour tumultueuses de Barton sont entrecoupées d'un solo de sax puissant, pour finir sur un rythme jazzy plus que précis dans un tempo si différent du début du morceau que la réussite est complète !
L'art de la joie est un album plus que réussi, avec une production à la hauteur du groupe qui prouvera par de multiples concerts que ces chansons méritent le détour !