RQTN - Monolithes en mouvement Ecrire... composer. Coucher sur papier ses états d'âme, des instantanés de vie, mettre en musique les émotions qui nous assaillent de toutes parts, se laisser porter par elles et en extraire ce substrat sonique que l'on façonnera patiemment dans son coin avant de le dévoiler à ses semblables. L'écriture comme un miroir émotionnel, ces quelques instants extatiques au cours desquels, l'inspiration jaillit sans que nous puissions réellement la provoquer... encore moins la contrôler. En écoutant Monolithes en mouvement, difficile de ne pas se dire que tout RQTN est déjà dans ces quelques lignes. Un premier disque long-format après deux EPs qui déjà, avaient levé le voile sur un éventail des possibles d'une rare élégance. En toute subjectivité, on appelle aussi ça le talent...
Disque de noctambule insomniaque porté par des mélodies effleurant l'âme de ses harmonies veloutées, des jeux de silence savoureusement ouatés avant que les arrangements intelligemment distillés ne viennent délicatement ouvrir la porte de l'imaginaire, Monolithes en mouvement suit fidèlement le cheminement de ses prédécesseurs, tout en évoluant. Presque comme si de rien n'était. Panoramique, dépouillée du moindre artifice et pourtant patiemment ciselée, la musique de RQTN raconte une histoire. De celle que l'on ne peut évoquer avec des mots mais plutôt des silences, toute en retenue, surtout lorsqu'elle verse, sans fausse pudeur dans l'explosion intimiste. Se laissant naturellement aller, tout en se dissimulant paradoxalement derrière des titres elliptiques à interprétation variable.
Une poésie des sens, une mélancolie douce et sensorielle à la légèreté qui contraste avec les Monolithes du titre, une musique effectivement en mouvement(s), amples, gracieux et qui parviennent sans effort à arrêter le temps. En laissant se mouvoir ses compositions comme un grand maître déplacerait ses pions sur un échiquier, RQTN offre au mélomane le plaisir de l'accompagner dans sa quête d'absolu musical. Une invitation à l'errance onirique le temps de neuf morceaux qui viennent ne former plus qu'un sur une feuille blanche désormais noirci de notes et silences fugitifs et éphémères. Une partition d'une rare maîtrise artistique. Nouveau chapitre d'une oeuvre rare que l'on espère inachevée, le premier album long-format du projet RQTN en appelle donc fatalement d'autres. A suivre...