rqtn_we_were_we_are.jpg Il y a trop de formations évoluant dans ce courant musical que l'on appelle "post-rock", c'est une évidence. Au fil des mois (années?), on s'est retrouvé dans une configuration où les groupes se clonaient eux-mêmes jusqu'à n'en plus finir. Pourtant au milieu de cette myriade de formations plus ou moins similaires, on découvre parfois quelques pépites qui émerge d'une masse difforme d'entités sans âme... Des groupes qui, à l'image d'un 65daysofstatic ou d'un Cecilia::Eyes, parviennent à se défaire d'une étiquette trop encombrante pour dévoiler une musique aux infinies possibilités et à l'élégance aussi précieuse qu'envoûtante. RQTN est de ceux-là. 4 lettres, un premier EP qui fait le pont entre passé et présent, un We were... we are qui offre à son auditeur quelques cinq compositions oscillant entre post-rock évanescent et ambient stratosphérique à la Eluvium. Et dès les premières secondes, "Morning and handwritten letters" nous plonge en vase clos dans une bulle musicale aux instrumentations subtiles, aux mélodies feutrées et sonorités enfantines.
Des arrangements à cordes orchestrés avec retenue là où la plupart auraient sorti la cavalerie pour s'enflammer dans des crescendo épiques. Un premier titre qui évoque autant Sigur Ros qu'Explosions in the Sky, une puissance émotionnelle rare, RQTN a.k.a Mathieu Artu livre en guise de galop d'essai, un véritable coup de maître. Plus classieux dans l'esprit, "Of course, they all died" poursuit l'exploration d'un univers post-rock céleste et langoureux dans lequel on s'aventure en suivant l'insatiable soif d'arrangements délicats dont fait preuve l'architecte de ce We were... we are. "She left me when I was in the battlefield", titre à la mélancolie à fleur de peau renvoie à au visuel de cet EP, déployant une mélodie déchirante qui s'empare de notre être, alors sur le champ de bataille, sous une pluie battante. Et un seul mot : sublime. Si la musique de RQTN est parfois enfantine, Mathieu n'en fait pas moins preuve d'une maturité remarquable, livrant avec "All my feelings were fake" un titre vibrant où la confusion des sentiments laisse place à une lucidité plus réaliste, même si par conséquent, plus douloureuse. Certaines belles histoires se terminent mal, We were... we are est empreint de cette nostalgie à l'intensité émotionnelle rarement égalée où les images surgies de notre inconscient nous renvoient quelques réminiscences douloureuses. En duo avec Greg Hoepffner, décidément dans tous les bons coups (outre sa collaboration avec Mathieu, il est la moitié de Radius System et officie également au sein de Time to Burn), "Passing out in front of us" se fait l'écho des blessures du passé, de ces cicatrices pas encore renfermées que l'on a parfois tant de mal à enfouir sous les souvenirs... Un morceau ambient post-rock sur lequel, quelques lignes de chant font leur apparition, illuminant de leur grain de voix (on pense à Justin Broadrick période Jesu) des mélodies shoegaze raffinées. Il nous semble parfois distinguer l'ombre de My Bloody Valentine, Mathieu sachant très bien apprivoiser ses influences pour les confiner dans des morceaux à l'écriture d'une intemporelle délicatesse. Alors que notre âme s'embrase dès la première écoute, We were... we are impose RQTN comme une véritable révélation. Chapeaux bas.