Après avoir débuté sous la forme d'un duo (basse/batterie) fin 2001, Royal McBee Corporation passe au format trio quelques trois années plus tard. 3 ans passés à bosser les fondamentaux et à trouver un son qui soit propre au groupe. Pour les influences, c'est assez large et dans l'absolu, ça va des 50's jusqu'à Ministry, autant dire que l'éventail est large même si les Kyuss et Shellac ont sans doute grandement contribué à ce qu'est RMCBC aujourd'hui. En 2007, après pas mal de temps passé à se rôder en live (notamment aux côtés de Seaholder, Radius System ou My Own Private Alaska...), Michael, Vincent et Sébastien s'enferment en studio et donnent naissance à Natural Drive, un premier album qui sort via Swarm Records le 25 avril 2008.
Royal McBee Corporation
Biographie > RMCBC
Royal McBee Corporation / Chronique Split > Josh vs Royal McBee Corporation
Swarm Records, label très indépendant et pluridisciplinaire s'il en est, s'est depuis quelques mois lancé dans une véritable entreprise de domination du monde... ou pardon, de la sphère noise-rock hexagonale et enchaîne désormais les sorties à une vitesse folle. Des albums (Ruban de Möbius, un split Gameboy Physical Destruction vs Royal McBee Corporation), un EP (Feats d'Ed Wood Jr encore) et un mois plus tard ce nouveau split réunissant cette fois Josh et RMCBC, ce en attendant assurément une nouvelle fournée de sorties, rien à redire sur le fond comme la forme, par contre faut suivre le rythme imprimé du côté de chez Swarm... Heureusement, il s'agit là le plus souvent de disques aux formats courts (ici seulement deux titres), mais comme chacun sait, la longueur ne fait pas tout et chez les groupes du label, l'efficacité, la fougue, l'énergie brute de décoffrage et la fièvre noise prime sur le reste.
Josh vs Royal McBee Corporation donc : d'un côté Josh, la nouvelle terreur noise-rock-HxC frenchie qui livre avec avec "Death of my ghosts" un titre gorgé de désespoir, de cette rage insidieuse et difficilement contenue qui semble dévorer le groupe de l'intérieur à tel point que celle-ci finisse fatalement par déborder sur les amplis. Guitares triturant leurs cordes de manière à proposer un cocktail absolument détonnant de rock sauvage alambiqué et pourtant imparable, de longues parties instrumentales denses et rampantes parsemées d'éclats vocaux, hurlements déflagrateurs venant mettre l'auditeur à sa botte. De l'autre, "Deep down" par Royal McBee Corporation, le duo noise-rock le plus DIY de la scène hexagonale qui passe l'auditeur au mixeur en lui servant un cocktail hautement abrasif de rock lourd et incendiaire, appuyée par une basse atomique et une batterie très sèche afin de mieux faire ressortir le côté cru d'un titre presque punk, non pas dans le tempo, mais l'approche, avec au loin, ce chant qui vient hanter les lignes mélodiques grésillantes sur des charbons ardents.
Royal McBee Corporation / Chronique EP > Due
Si Natural drive, premier album de l'ex-power-trio devenu extra-duo Royal McBee Corporation était le menu big mac XXL alors Due, EP 4 titres sorti à l'automne 2009 peut-être vu comme le petit mac chicken venu compléter le festin. Livré dans un Cd au format hybride carton/calque CDR+impression le tout en quelques 100 exemplaires cousus main (oui "cousus"), ce nouvel effort des RMCBC respire le DIY, le rock super-noïsique urgent et salvateur, comme une ultime échappatoire avant l'arrivée de la prochaine tornade électrique enfantée par le groupe.
Petit bémol cependant, la prod n'est pas toujours idéale et "Shame", premier titre de l'EP en souffre quelque peu, ce malgré une belle énergie déployée et une évidente envie d'en découdre. Malgré tout, le morceau manque ici de souffle quand il aurait pu être une vraie baffe amplifiée. Heureusement, avec les Royal McBee Corporation, on n'est jamais déçu deux fois de suite. Séance de rattrapage avec le morceau-titre de l'EP, "Due" donc, et là autant dire que ça va déjà beaucoup mieux. Une cargaison de riffs vénéneux à souhait, batterie volubile, samples de dialogues et harangue rock'n'roll résonnant comme un cri de guerre, le duo est parfaitement en place et comme si ça ne suffisait pas encore, "50 casual trauma song" vient gaiement en remettre une couche.
Le duo s'amuse à varier les tempi, enfonçant le clou en lestant de plomb son cocktail noise-rock, avant de laisser ses instruments passer à la rôtissoire (private joke inside). Quatrième et dernier morceau de Due, "The race" est certainement le plus réussi. Tout en rupture sans jamais céder, sur un fil invisible, RMCBC joue les funambules, envoie le bois et retombe parfaitement droit dans ses bottes quoiqu'il advienne. Groove acéré au cran d'arrêt, les décibels qui s'entrechoquent, brûlant et rugueux juste comme il faut, le son made by Royal McBee du CD appelle fatalement une grosse claque en live. A vérifier on stage...
Chronique Compil : Royal McBee Corporation, Noise to the Bone II
Chronique Compil : Royal McBee Corporation, Noise to the bone
Royal McBee Corporation / Chronique LP > Natural drive
Deux big macs, une grande frite, un double cheese, un maxi coca et en avant les manettes. Une fois l'estomac un peu rempli, le groupe s'embarque pour un road trip électrique et rock'n roll. Une intro saturée à souhait, on attache les ceintures, on se met bien dans le fauteuil et on attend la déflagration imminente. Dès le deuxième morceau, ça envoie la purée et là autant dire qu'on dérouille. Sauvage, punky, stoner et furieusement noisy, mélodies addictives, riffing brûlant, orgie de décibels, un soupçon de blues, "Slowdown" fait cracher les guitares d'entrée de jeu. Catchy et rentre-dedans, c'est du "do it yourself" total, mais le son, bien roots et bourdonnant, est parfaitement adequat pour un album aussi brut de décoffrage. Heavy et rugueuse, la suite est du même tonneau : guitares cramoisies, mélodies rocailleuses, ambiances caniculaires, Natural drive fait monter la température et défouraille à tout va.
Sous un soleil de plomb, le groupe grimpe le long des canyons pendant qu'un "Undone" sort quelques petits soli de derrière les rocheuses. Maniant la saturation comme d'autres enfilent les perles, les Royal McBee Corporation assomment la concurrence en carbonisant les enceintes à coup de "Swarm" qui déboite et de "Nightfalls" qui rase tout sur son passage. Tempête de sable, mélodies enfumées, riffing narcotique, basse serpentant entre les cactus, le groupe accouche d'une dizaine de compos vénéneuses et saillantes, dévoilant au passage des attributs de stoner/noise-rock audacieux et fulgurant. "Nothing", "Windswept lain" défilent et le trio prend le temps de poser ses ambiances, ne se limitant pas à simplement envoyer du bois en attendant une réaction de l'auditeur. Planant mais dissonant, mélancolique mais également rentre-dedans, RMCBC se plaît à faire s'entrechoquer les paradoxes dans une collision musicale aussi réfléchie qu'animale. Car le groupe maîtrise son sujet, rejouant la théorie du chaos afin de repousser les limites de son effet papillon en mélangeant dans un même tube à essais Kyuss et Shellac. En clair, Royal McBee Corporation, c'est une sorte de Mad Max avec des guitares et en plus burné mais tout aussi aventureux...