Rock Rock > Royal Blood

Biographie > Sang royal

Au moment de leur explosion en 2014, on ne savait pas grand chose de Royal Blood, on en sait désormais plus sur Mike Kerr et Ben Thatcher. Tous deux sont nés juste avant les années 90 et c'est quand ils sont au lycée (en 2005) qu'ils se rencontrent dans le Sud de l'Angleterre, ils forment même un groupe appelé Flavour Country avec deux autres potes. Mais ça ne dure que quelques temps. En 2012, Mike (chanteur et bassiste qui sait aussi jouer du piano) part en Australie et forme Royal Blood avec un batteur australien pour passer le temps. A son retour au bercail, en 2013, c'est son pote Ben (batteur mais également doué avec un clavier) qui vient le chercher à l'aéroport, en chemin, ils discutent et décident de poursuivre l'aventure Royal Blood. Ils bossent et se font repérer par le management des Arctic Monkeys qui va les faire grandir à vitesse accélérée. Un titre ("Out of the black") sort fin 2013 alors qu'ils ouvrent pour ... Arctic Monkeys, l'EP (4 titres) déboule en mars 2014, une année qui ressemble à un rêve pour le duo qui joue dans les plus grands festivals (South by Southwest, Download, Glastonbury, T in the Park, Reading...) avant même la sortie de leur premier album éponyme à la fin août. Énorme révélation en 2014, 2015 les consacre avec une tournée mondiale, d'autres premières parties (Foo Fighters) et l'utilisation de leurs titres dans des pubs, des jeux vidéos, des films, des séries, que tu le veuilles ou non, tu as donc déjà entendu Royal Blood. Vacances, repos et retour en studio en 2016 pour briller de nouveau en 2017 pour ce nouvel opus How did we get so dark?.

Royal Blood / Chronique LP > Typhoons

royal blood - Typhoons Le confinement a retardé les plans des Royal Blood et les a peut-être amenés à travailler et retravailler un peu différemment leurs titres. Résultat : d'un stoner parfois assez brut, on est passé à un rock dopé aux éléments électroniques. Et autant le dire tout de suite, cette évolution ne plaira pas à tout le monde. Je reste moi-même assez circonspect à l'écoute de certains titres qui sont gonflés d'arrangements techno-disco-dance pas toujours en phase avec l'énergie du duo.

Pourtant l'album commence en fanfare avec "Trouble's coming", un stadium-hit à la rythmique énormissime, on est embarqué en moins de dix secondes, le chant saccadé fait le job et avec une grande simplicité Royal Blood nous fracasse d'entrée. On se retrouve à taper du pied, à fredonner (I hear trouble coming) et on se dit qu'on s'attaque à un truc qui va être lourd. Sur sensiblement le même schéma "Oblivion" ajoute pas mal d'éléments plus dansants, le son s'éclaircit quelque peu mais ce n'est qu'avec "Typhoons" qu'on commence à se poser des questions, il y a bien cette jolie partie de gratte au milieu mais l'ensemble sonne assez creux. Sur le titre suivant, malgré quelques tentatives (au chant), on perd toute la dynamique et toute la puissance auxquelles on est habitué. L'intro électro de "Million and one" permet de cibler le petit caillou dans la chaussure, ce sont toutes ces sonorités "parasites", le titre est une purge absolue. Virez-moi toutes les pistes inutiles de "Limbo" et on aura un tube, là, on a un truc sympa mais enrobé de sucreries qui remplissent des vides essentiels. Le titre suivant, "Either you want it", gagne la palme de la transparence, même du côté des instrus classiques, on ne garde rien. Quant à "Boilermaker", on ne sait pas trop où le groupe voulait aller, vouloir ajouter du fluo et des paillettes à un rock garage n'est vraiment pas une bonne idée. Même topo pour "Mad visions" pourtant assez sympatoche jusqu'à son refrain... Josh Homme (à la prod sur quelques titres) n'a pas sauvé grand-chose du naufrage ("Hold on" jusqu'au prochain album ?) et si je n'incrimine pas la dernière track (piano-voix), elle démontre que le combo devrait rester sur ce qu'il sait faire.

Typhoons balaye tout le travail de Royal Blood qui devra rebâtir à partir de ses fondations pour me charmer à nouveau. Les mecs ont toujours un truc accrocheur mais, pitié, cassez leur matériel électronique...

Publié dans le Mag #48

Royal Blood / Chronique LP > How did we get so dark?

Royal Blood - How did we get so dark? Plus qu'attendue, la paire de zicos a fait confiance à leur producteur Tom Dalgety (Pixies, Ghost, Opeth, Band of Skulls, Therapy?...) pour mettre en boîte la suite de leur histoire et faire en sorte qu'elle ne soit pas aussi éphémère que celle d'autres duos basse/batterie (Death From Above 1979 a splitté après son premier album, Local H a surtout été connu pour son As good as dead). Le titre éponyme qui ouvre la galette permet de rassurer tout le monde, "How did we get so dark?" est une pépite stoner au chant clair plus efficace que le premier single "Lights out" qui permet tout de même de garder une grosse dynamique. On retrouve les charmes d'un son ultra gras et d'un chant enlevé sur l'autre single "I only lie when I love you". La première vraie prise de risques ou innovation vient avec "She's creeping", les instruments sont en roue libre, Mike sort de sa zone de confort pour explorer d'autres pistes vocales, ce titre ne restera pas dans les mémoires mais on ne peut pas leur reprocher d'essayer de faire autre chose que du Royal Blood. D'autant que certains leur tomberont dessus à cause de "Look like you know" (complètement transparent, même avec des choeurs) ou "Don't tell" (utile pour draguer, mais après ?). On préfère quand c'est plus brut, plus direct, plus distordu, plus "Where are you now?", plus "Hook, line & sinker", plus "Hole in your heart", véritable bombe garage/stoner ultra saturée qui renvoie le QOTSA en mode pop à ses études. How did we get so dark? se referme avec un bon petit "Sleep" et la preuve que Royal Blood n'était pas qu'une comète enflammée par une série de tubes.

Publié dans le Mag #29