Le confinement a retardé les plans des Royal Blood et les a peut-être amenés à travailler et retravailler un peu différemment leurs titres. Résultat : d'un stoner parfois assez brut, on est passé à un rock dopé aux éléments électroniques. Et autant le dire tout de suite, cette évolution ne plaira pas à tout le monde. Je reste moi-même assez circonspect à l'écoute de certains titres qui sont gonflés d'arrangements techno-disco-dance pas toujours en phase avec l'énergie du duo.
Pourtant l'album commence en fanfare avec "Trouble's coming", un stadium-hit à la rythmique énormissime, on est embarqué en moins de dix secondes, le chant saccadé fait le job et avec une grande simplicité Royal Blood nous fracasse d'entrée. On se retrouve à taper du pied, à fredonner (I hear trouble coming) et on se dit qu'on s'attaque à un truc qui va être lourd. Sur sensiblement le même schéma "Oblivion" ajoute pas mal d'éléments plus dansants, le son s'éclaircit quelque peu mais ce n'est qu'avec "Typhoons" qu'on commence à se poser des questions, il y a bien cette jolie partie de gratte au milieu mais l'ensemble sonne assez creux. Sur le titre suivant, malgré quelques tentatives (au chant), on perd toute la dynamique et toute la puissance auxquelles on est habitué. L'intro électro de "Million and one" permet de cibler le petit caillou dans la chaussure, ce sont toutes ces sonorités "parasites", le titre est une purge absolue. Virez-moi toutes les pistes inutiles de "Limbo" et on aura un tube, là, on a un truc sympa mais enrobé de sucreries qui remplissent des vides essentiels. Le titre suivant, "Either you want it", gagne la palme de la transparence, même du côté des instrus classiques, on ne garde rien. Quant à "Boilermaker", on ne sait pas trop où le groupe voulait aller, vouloir ajouter du fluo et des paillettes à un rock garage n'est vraiment pas une bonne idée. Même topo pour "Mad visions" pourtant assez sympatoche jusqu'à son refrain... Josh Homme (à la prod sur quelques titres) n'a pas sauvé grand-chose du naufrage ("Hold on" jusqu'au prochain album ?) et si je n'incrimine pas la dernière track (piano-voix), elle démontre que le combo devrait rester sur ce qu'il sait faire.
Typhoons balaye tout le travail de Royal Blood qui devra rebâtir à partir de ses fondations pour me charmer à nouveau. Les mecs ont toujours un truc accrocheur mais, pitié, cassez leur matériel électronique...
Publié dans le Mag #48