Ceux qui gravitent autour de la sphère rock indé bordelaise ont probablement déjà entendu parler de RougeGorgeRouge, ce quatuor bâti en 2011 avec l'appui de membres de la formation post-rock Sincabeza, de Monade, le side-project de Laetitia Sadier, ou encore de Magneto. Avec un sobriquet pareil, peu de chance de se tromper sur la marchandise (voir le syndrome des groupes aux noms doublés ou presque) : à défaut d'être aux premières écoutes une formation attirée exclusivement par l'expérimental, leur deuxième album Hypersomnia nous embarque néanmoins dans une expérience sonore bariolée à écouter religieusement. Naviguant entre des styles aussi hétérogènes que l'electro-rock, l'ambiant-krautrock (avec pas mal de claviers retro-futuristes comme sur "Balle a fond"), l'ambient, la noise-rock, la pop, le post-punk, l'indie-rock, le post-rock ou même le math-rock, RougeGorgeRouge nous en fait voir de toutes les couleurs. Et rien de plus jouissif que d'être baladés de la sorte dans ce grand huit émotionnel à la fois tendu ("Elfy science"), plein de mystère (dont "Ethernull"), et profondément galvanisant (comme sur la très cool "Vococo"). On valide, même si la sortie date déjà de 2016.
Publié dans le Mag #32