The Roots - The tipping point Craquements de vinyle, musique d'ascenseur, une voix qui nous susurre ce qui sera le mot d'ordre de ce premier titre : "Everybody is a star" (hommage à Sly and the Family Stone), le beat part et Black Thought ne s'arrête plus... The Roots débute de fort belle manière (leur meilleure intro ?) The tipping point. Le sixième album des philadelphiens n'échappe pas à l'attente des fans, surtout après le très réussi et éclectique Phrenology. Force est de constater qu'à l'écoute de The tipping point, le talent du groupe reste intact malgré le départ de Ben Kenney et DJ Scratch. The Roots passe chez Geffen et même si musicalement, il n'y a pas d'énorme surprise, le titre aurait pu le faire penser. En effet, ce dernier a été inspiré du livre de Malcom Gladwell, "The tipping point : how little things can make a big difference", mettant en lumière le moment où, dans un contexte épidémiologique ou social, la modification de l'environnement ou l'apparition de nouveaux vecteurs cause une rupture qui amène de profonds changements. The Roots revient donc à la charge avec un album plus "soul" qu'à l'accoutumée (mais néanmoins connu des fans avec les premiers albums) justifié par des chœurs et des refrains sur des titres comme "I don't care", "Guns are drawn" ou "Why (What's goin on ?)". Black Thought est toujours fidèle à lui-même avec son flow impeccable et vibrant sur les rythmes pertinents de son acolyte ?uestlove. Jugez un peu le résultat de cette collaboration sur "Web", véritable osmose que l'on peut également vivre en live (ne les ratez pas !). Il se permet même sur "Boom" de rendre hommage à deux grands MCs en imitant le phrasé de Big Daddy Kane et Kool G Rap. Habitués aux "featurings", les Roots ont fait appel notamment au coutumié Dice Raw, à Dom, Aaron Livingston, Martin Luther et à la talentueuse rappeuse Jean Grae qui vient poser sur "Somebody's gotta do it" avec Mack Dub et Devin the Dude. "Duck down" ravira les afficionados du travail des Neptunes. Les inconditionels de jazz-swing reconnaitront la trompette d'Al Hirt dans la très classe "Stay cool". The tipping point termine avec "Why (What's going on) ?", morceau de plus de seize minutes, qui, à la manière du dernier titre de Phrenology est un véritable fourre-tout (3 titres distincts) avec un début très mitigé penchant vers le RnB suivi d'une ambiance "jump up" et qui termine sur un "Din dada" scandé à la sauce jam-funk-soul-groove. Cet album d'à peine moins d'une heure bénéficie d'une production ultra soignée de titres concis, ce qui a probablement assuré son succès en terme de ventes. The tipping point est un album pouvant diviser les fans du groupe, un bon condensé de l'avant et de l'après qui peut être une bonne entrée en matière pour découvrir les philadelphiens.