Rock Rock > Rome Buyce Night

Biographie > La ville leur appartient...

Après avoir enregistré plusieurs titres en solo ou en duo, les deux guitaristes, accessoirement bidouilleurs de sons que sont Guillaume Collet et Antoine Ducoin on décidé de réunir leurs compositions au sein d'un même disque bicéphale. Son titre : Ressance (2000). Suite à cet album, le duo devient trio avec l'arrivée de Romain Piegay au poste de batteur. Rome Buyce Night prend forme. Libre car improvisée, la musique du groupe prend forme à la sortie d'un album au titre étrange : Petit intérieur (2001), suivit deux ans plus tard par Actone puis Luminaires en 2005. En 2007, le groupe s'offre un nouveau défi en enregistrant deux albums simultanément. Deux disques bien différents, le premier étant marqué par le sceau du rock psychédélique (Matricule) quand le second, se laisse influencer par l'esprit rock indé shoegaze (Micro Sainte), qui sortent finalement le 2 février 2009.

Rome Buyce Night / Chronique EP > The indian castle of Morocco

Rome Buyce Night Rome Buyce Night est un groupe précieux. Non pas parce qu'ils se font rare mais parce que tout ce qu'ils sortent trouve un écho retentissant chez votre serviteur. Et ça ne manquera pas avec The indian castle of morocco, un EP six titres qui fleure bon les envies de métissage et d'horizon lointain. Enfin, pas si loin, le Maroc, c'est à deux heures d'avion pour cinquante boules. Mais quand même. En six titres, Rome Buyce Night arrive à concrétiser en musique le voyage improvisé : tu mets les pieds dans un lieu et tu attends que des choses extraordinaires surviennent. L'attention de l'auditeur est à chaque reprise renouvelé très facilement grâce à un propos à la fois cohérent mais ouvert à toutes les sorties d'autoroute. Le groupe démarre d'une idée, souvent un riff ou une mélodie un peu crade, et la développe pour inciter à l'évasion émotionnelle, parfois via des vibes orientalisantes très diffuses et ça marche... Un titre comme "Blonde peroxydée" dénote grandement de par son spoken-word à la fois doux et acéré ainsi que par son instrumental désenchanté. Rome Buyce Night reste un des secrets les mieux cachés du post-quelque-chose en France. Et c'est particulièrement honteux tant la démarche de ces mecs pue la classe.

Rome Buyce Night / Chronique Split > Orchestra

Sons Of Frida - Rome Buyce Night J'avais adoré The bulgarian LP de Sons Of Frida qui a été, et reste, l'un de mes disques de chevet parmi la multitude des groupes hexagonaux que l'on reçoit à la rédaction. De son coté, mon vénérable collègue AureliO avait l'air d'avoir apprécié Rome Buyce Night et sachant combien le bonhomme peut-être difficile à contenter, ce groupe ne pouvait qu'être bon. L'association de ces afficionados d'une noise plus que bien branlée a largement le potentiel pour aiguiser l'appétit. Et franchement, il y a de quoi avec Orchestra, un EP qui partouze les identités de ces deux groupes... Car au lieu de la faire comme les ¾ des splits, c'est à dire deux morceaux chacun dans le local de répét', les deux groupes se sont vraiment mélangés pour aboutir à un résultat qui inspire le respect et la singularité.
Dès le premier titre, on retrouve la patte des Frida avec cette trompette en mode mélodrame façon Miles Davis (je citerais Sketches of spain pour faire l'érudit de comptoir et de toute façon, je ne connais que celui-là...) et un chant parlé qui annonce le dynamitage de la poudrière. Et c'est le cas, le rythme s'accélère, les guitares cachent leur timidité au placard et deviennent sur-jouissives en mode Sonic Youth dopé au viagra, pour ne rien gâcher. Les deuxième et troisième titre prennent un autre chemin, celui de la confrontation vicieuse, le propos s'intensifie sensiblement, mais jamais n'explose : se désinhibera ou se désinhibera pas.... Finalement ce sera pas. Bande de salauds, c'est vraiment dégueulasse de jouer ainsi avec les nerfs de l'auditeur. Orchestra se conclue sur une piste ou le rythme se calque sur un trip-hop vaporeux et neurasthénique pour jouer ensuite aux montages russes de décibels. Une claque et une sacrée bonne idée que ce split album plutôt hyper classe.

Rome Buyce Night / Chronique LP > Ann Arbor

Rome Buyce Night - Ann Arbor Après avoir publié deux albums d'un seul coup en 2009, Rome Buyce Night réduit la voilure moins d'un an et demi plus tard en ne sortant plus "qu'un" seul album à la fois : Ann Arbor. Evidemment, pour la plupart des groupes 3 albums, en 2 ans, c'est quand même déjà pas mal, mais avec ces gens-là, quand on aime, on ne compte pas. Désormais quartet depuis l'incorporation d'un second guitariste, le groupe distille toujours un habile mélange d'indie rock instrumental et de post-rock délicieusement noisy, comme un mélange entre Sonic Youth et Tortoise avec des éléments planants, des guitares enfiévrées et une tendance plus que prononcée à surperposer les couches instrumentales jusqu'à l'infini. Dense, ombragée, rouge sanguine, la musique de Rome Buyce Night est le fruit d'une vraie recherche sonique : ou comment harmoniser idéalement, des guitares vrombissantes, de la réverb shoegaze, des éléments stratosphériques, des crescendo entêtants, le tout au cours d'un seul et même titre, fleuve, simplement bluffant (magistral "The red diag").
11 premières minutes qui nous collent au siège, le quartet peut désormais raccourcir les formats avec 4 titres aux durées quasiment similaires (entre 6'10 et 6'25), preuve que la musique du groupe, sophistiquée et compacte, ne doit rien au hasard. D'une rigueur quasiment mathématique, les éléments mélodiques se dévoilent, les guitares crachent des geysers de saturation électrique et voici lignes instrumentales s'enchevêtrent autour d'une rythmique qui mène l'ensemble de main de maître. Précision chirurgicale oblige (The unit scale of rock", "The foam theater"), les guitares se contorsionnent autour d'une ligne invisible, expérimentations bruitistes et petites digressions en sus, Rome Buyce Night livre ici une œuvre à la fois simple et complexe, riche et fouillée car serties de petites merveilles d'écriture rock. Quelques éclairs tourmentés ("The multiple scales of rock"), on a la vague impression que tout peut basculer à tout moment... mais dans son grand huit musical, le groupe a tout prévu. Le chaos approchant est maîtrisé, le calme peut revenir après la tempête. Sauf que si les éléments ne se déchaînent jamais complètement, il n'est pas question que l'apaisement soit absolu ("Deux millions et demie de secondes"). Et pourtant, il n'y a ici aucun sentiment de frustration, simplement la conviction que ces quatre-là ont scénarisé leur album à la perfection. Le contrôle encore une fois. D'ailleurs, c'est quand on ne s'y attend plus vraiment que les Rome Buyce Night concluent avec une petite friandise post-pop ensorcelante et délicieusement intimiste (l'éponyme "Ann arbor"). Un raffinement brut, un savoir-faire en tous points irréprochable, sans doute le disque référence de la discographie d'un groupe au talent bien trop méconnu...

Rome Buyce Night / Chronique LP > Micro sainte

Rome Buyce Night - Micro Sainte Dans quel ordre doit-on découvrir les deux album formant le diptyque signé Rome Buyce Night qui nous est soumis aujourd'hui ? On ne le saura pas, Matricule puis Micro Sainte ou l'inverse... peu importe à vrai dire. Dans un cas comme dans l'autre, on pourra tout autant prendre les deux disques individuellement qu'ensemble (enfin... l'un puis l'autre évidemment...). Et quelque soit l'angle d'attaque, le style du trio imprimera à chaque fois sa marque sur des mélodies fugitives portées par des arrangements d'une rare élégance ("Théâtre lunaire" en est certainement l'un des plus beaux exemples), ce, en variant les genres abordés. Dans le cas présent, abandonnant le psychédélisme de Matricule, Micro Sainte laisse la part belle à un rock évanescent aux contours épousant largement les frontières du mouvement shoegaze ("Dark popkorn", l'éponyme "Micro sainte").
On n'a pas vraiment le temps de se perdre en conjectures, le groupe parvient à imprimer une dynamique intrigante et plutôt enlevée à ce disque, par ailleurs, chargé en réverb. Si l'on ne termine pas l'écoute essoufflé, on n'en demeure pas moins emballé par la maîtrise des Rome Buyce Night qui développent ici un rock alternatif et rythmique traité avec pas mal 'effets, un peu à la manière d'un Slowdive sous acide ou d'un My Bloody Valentine épileptique. Il y a de l'électricité dans l'air et alors que l'on est sur de bons rails, "Suite à Duron" triture les sons, se met à prendre des risques en se la jouant bruitiste, avant que "Crevette saturée" et surtout "Metaverse" n'offrent un virage plus expérimental à cet album. Guitares languissantes, section rythmique moins volubile que précédemment, Rome Buyce Night joue désormais sur un faux rythme, prenant par la même occasion le temps de bâtir un édifice à la structure musicale labyrinthique. Le groupe tourne parfois même un peu à vide, se perdant quelques instants en circonvolutions un peu stériles. Mais le final remet l'album dans le droit chemin et finit de nous convaincre que ce trio a décidément plus d'une carte dans sa manche...

Rome Buyce Night / Chronique LP > Matricule

Rome Buyce Night - Matricule Sensuel et langoureux, mouvant et ténébreux, le rock de Rome Buyce Night se fonde sur les fondamentaux de la musique psychédélique pour mieux les engloutir sous des flots électriques aux vagues noisy tendant parfois à s'amarrer à un ancrage dub. Un disque aux atmosphères étudiées, à la tonalité personnelle et aux charmes... que l'on qualifiera de vénéneux. Car Matricule est un album composé de quelques onze titres formant un ensemble unique s'écoulant sur près d'une heure de musique, laquelle ondule sans cesse à travers les strates d'un rock qui se veut tantôt intimiste, tantôt plus saturé, parfois psychédélique ou d'autres fois, plus terre-à-terre ("Matricule C, "Morecadelion"). Production assez sèche, textures arides et riffs décharnés sont au programme d'un "Aureliano Buendia" (merci pour l'hommage...) branché sur courant alternatif, et qui n'est pas sans évoquer le Sonic Youth du début des années 90, le côté ouvertement psychédélique en plus...
Minimaliste dans la construction de ses morceaux, Rome Buyce Night n'en divulgue pas moins des trames sonores aux sonorités changeantes. Lunatique, insaisissable, le groupe s'offre un petit interlude ("Bruiiiiiiiiiise"), avant de replonger dans les ambiances comateuses de ce rock narcoleptique qui est la base du travail du groupe sur Matricule. Quelques samples de spoken word à peu saupoudré sur des arrangements aux bruissements électriques impromptus ("Transfert"). Des titres énigmatiques ("Uchronie bestiale"), quelques instants de lévitation lunaire ("Analog park"), des compositions qui semble se laisser porter par l'humeur du moment, parfois ombrageuses, d'autres fois plus lumineuses ("Ursula"), comme éclairées par un discret halo de mélodies diaphanes. Nocturne dans l'esprit, imprévisible dans le corps du sujet (un "Matricule D" étrange et fuyant...), Rome Buyce Night livre avec Matricule, un album à la personnalité affirmée, moitié psychédélique d'un diptyque musical ambitieux et inspiré.