Rome Buyce Night - Micro Sainte Dans quel ordre doit-on découvrir les deux album formant le diptyque signé Rome Buyce Night qui nous est soumis aujourd'hui ? On ne le saura pas, Matricule puis Micro sainte ou l'inverse... peu importe à vrai dire. Dans un cas comme dans l'autre, on pourra tout autant prendre les deux disques individuellement qu'ensemble (enfin... l'un puis l'autre évidemment...). Et quelque soit l'angle d'attaque, le style du trio imprimera à chaque fois sa marque sur des mélodies fugitives portées par des arrangements d'une rare élégance ("Théâtre lunaire" en est certainement l'un des plus beaux exemples), ce, en variant les genres abordés. Dans le cas présent, abandonnant le psychédélisme de Matricule, Micro sainte laisse la part belle à un rock évanescent aux contours épousant largement les frontières du mouvement shoegaze ("Dark popkorn", l'éponyme "Micro sainte").
On n'a pas vraiment le temps de se perdre en conjectures, le groupe parvient à imprimer une dynamique intrigante et plutôt enlevée à ce disque, par ailleurs, chargé en réverb. Si l'on ne termine pas l'écoute essoufflé, on n'en demeure pas moins emballé par la maîtrise des Rome Buyce Night qui développent ici un rock alternatif et rythmique traité avec pas mal 'effets, un peu à la manière d'un Slowdive sous acide ou d'un My Bloody Valentine épileptique. Il y a de l'électricité dans l'air et alors que l'on est sur de bons rails, "Suite à Duron" triture les sons, se met à prendre des risques en se la jouant bruitiste, avant que "Crevette saturée" et surtout "Metaverse" n'offrent un virage plus expérimental à cet album. Guitares languissantes, section rythmique moins volubile que précédemment, Rome Buyce Night joue désormais sur un faux rythme, prenant par la même occasion le temps de bâtir un édifice à la structure musicale labyrinthique. Le groupe tourne parfois même un peu à vide, se perdant quelques instants en circonvolutions un peu stériles. Mais le final remet l'album dans le droit chemin et finit de nous convaincre que ce trio a décidément plus d'une carte dans sa manche...