Rome Buyce Night - Matricule Sensuel et langoureux, mouvant et ténébreux, le rock de Rome Buyce Night se fonde sur les fondamentaux de la musique psychédélique pour mieux les engloutir sous des flots électriques aux vagues noisy tendant parfois à s'amarrer à un ancrage dub. Un disque aux atmosphères étudiées, à la tonalité personnelle et aux charmes... que l'on qualifiera de vénéneux. Car Matricule est un album composé de quelques onze titres formant un ensemble unique s'écoulant sur près d'une heure de musique, laquelle ondule sans cesse à travers les strates d'un rock qui se veut tantôt intimiste, tantôt plus saturé, parfois psychédélique ou d'autres fois, plus terre-à-terre ("Matricule C, "Morecadelion"). Production assez sèche, textures arides et riffs décharnés sont au programme d'un "Aureliano Buendia" (merci pour l'hommage...) branché sur courant alternatif, et qui n'est pas sans évoquer le Sonic Youth du début des années 90, le côté ouvertement psychédélique en plus...
Minimaliste dans la construction de ses morceaux, Rome Buyce Night n'en divulgue pas moins des trames sonores aux sonorités changeantes. Lunatique, insaisissable, le groupe s'offre un petit interlude ("Bruiiiiiiiiiise"), avant de replonger dans les ambiances comateuses de ce rock narcoleptique qui est la base du travail du groupe sur Matricule. Quelques samples de spoken word à peu saupoudré sur des arrangements aux bruissements électriques impromptus ("Transfert"). Des titres énigmatiques ("Uchronie bestiale"), quelques instants de lévitation lunaire ("Analog park"), des compositions qui semble se laisser porter par l'humeur du moment, parfois ombrageuses, d'autres fois plus lumineuses ("Ursula"), comme éclairées par un discret halo de mélodies diaphanes. Nocturne dans l'esprit, imprévisible dans le corps du sujet (un "Matricule D" étrange et fuyant...), Rome Buyce Night livre avec Matricule, un album à la personnalité affirmée, moitié psychédélique d'un diptyque musical ambitieux et inspiré.