Rolo Tomassi - Hysterics La première fois que tu écoutes Rolo Tomassi, a priori, tu ne comprends pas trop ce qu'il t'arrive. Tu mets le pied dans les étranges circonvolutions bruitistes, "Oh, hello ghost" un paysage musical trouble à l'horizon artistique incertain, des textures électroniques qui forment un nuage sonique chargé de nous plonger dans une atmosphère comme sortie du temps, et là, tu te demandes om tu es tombé. Des voix lointaines trafiquées qui se relaient pour diffuser des mélodies incertaines puis l'entrée des guitares : rock, noisy, tendues, chargées en effets. On se dit que les débuts de cet Hysterics sont assez curieux étant donné le titre de l'album jusqu'à ce que tout bascule. Eclairs punk-hardcore, vociférations flirtant avec les limites du death, un véritable boxon rock'n roll qui part complètement dans tous les sens avec des sons qui s'entrechoquent à droite avant de manger à gauche, d'autre qui tentent de s'accrocher au milieu en encaissant les délires bruitistes de Rolo Tomassi (et ce commentaire n'a qu'une ressemblance purement fortuite avec l'actuel paysage politique hexagonal...). Déroutant, fouillis, malgré des qualités indéniables. Le premier titre laisse entrevoir de belles choses, la suite nous fait parfois (souvent ?) déchanter. La faute notamment à "I love turbulence", titre bipolaire qui alterne glaviot hardcore punk destructuré, mélodie pop synthétique feutrée et plans deathcore/jazz/expérimentalo-prog complètement barrés, qui s'il nous en met plein la tête, finit par abuser de notre patience. A l'image de "Fofteen" ou "Abraxas", tout aussi déjanté, sans aucune linéarité ni idée directrice à suivre. Car Hysterics (est l'album avec un grand A qui porte bien son nom), est un disque qui accumule les idées par wagons entiers, jusqu'à l'overdose si nécessaire. Sorte de mélange improbable et un peu bancal entre Dillinger Escape Plan, Heat from a deadstar et les groupes noise-rock de l'écurie Distile Records (Looking for John G et One Second Riot en tête...), Rolo Tomassi fonce tête baissé dans le tas, à la vitesse d'une trouvaille sonore toutes les 15 secondes ("An apologyze to the universe", "Nine"), ce, au risque de nous épuiser par l'excès d'inventivité déployé ici. Paradoxal mais perturbant. A trop en faire, les natifs de Sheffield nous larguent en route et, après un explosif et plutôt réussi "Macabre charade", retombent dans leurs travers sur le bruitiste mais stérile "Everything went grey" puis le fulgurant "Scabs", qui lui se sort un peu du lot, de part son efficacité brute et sa hargne contaminatrice. Un dernier morceau et quelques quatorze minutes plus tard, Rolo Tomassi referme cet Hysterics après s'être mis en quatre pour créer quelque chose qui sorte résolument de l'ordinaire. Et après ?