Rodolphe Burger - Glück Auf Au début des années 80, Rodolphe Burger fonde le groupe de rock-jazz Kat Onoma. La formation enregistre cinq fois avant de se séparer vingt ans plus tard. Parallèlement, le chanteur s'est lancé dans une carrière solo particulièrement florissante avec neuf albums studio au compteur. Ceci sans nommer les multiples collaborations. Dans son parcours, Rodolphe Burger va d'ailleurs rencontrer le chanteur breton Erik Marchand. Suite à une commande artistique du Quartz de Brest, ils forment une première fois un duo et enregistrent ensemble le projet Before Bach qui paraît sur dernière bande en 2004. 17 ans plus tard, les deux compères donnent une suite à cette performance en enregistrant Glück auf!.

Avoir Erik Marchand sur un disque, c'est sentir le vent salé des marées, le goût des galettes et des crêpes, du beurre salée. C'est voir les marins partir au large et rester sur les dunes de sable. Alors évidemment, si le pays de l'hermine provoque des boutons sur votre peau de rockeur, il vaut peut être mieux passer votre chemin. Par contre, si vous prenez volontiers un bain de culture bretonne, il faut s'arrêter ici. C'est en effet le chant traditionnel d'Erik Marchand qui se déclare en premier presque seul dans l'espace. Les boucles d'un gadoulka viennent s'ajouter en deuxième intention pour apporter un souffle venu des Balkans. Rodolphe Burger allume définitivement la mèche avec sa poésie rock. "Kara Toprak" suit pour rapporter quelques notes parfumées de l'Orient avec une reprise du chanteur folk turc Âşık Veysel. "C'est dans la vallée" est un titre entraînant et dynamique où Erik Marchand vient avec justesse apporter une complémentarité dans son style. Le chanteur breton prend de l'envergure sur "La Mine" avec quelques envolées lyriques. "Nuit albanaise" revient avec un folk vivant envoyé par Erik Marchand et Pauline Willerval. "Waste Land" revient sur une ambiance plus rock par l'interprétation de Rodolphe Burger d'un poème de T.S Eliot et John Henry - chant traditionnel américain largement repris - apporte son ambiance blues. L'album se termine par une reprise de "Eisbär" du groupe Grauzone (NDLR : l'ancien groupe de Stéphane Eicher fondé au début des années 1980). Le chant est effectué en suisse allemand et de ce fait, contraste avec le reste des compositions.

Il faut être un blouson noir avec le goût de l'aventure pour se lancer dans l'écoute de Glück auf!. Mais c'est un projet hors du commun qui unit les hommes dans la musique. Les voix comme les instruments sont complémentaires. Les influences traversent les frontières et c'est une belle énergie. Rodolphe Burger et Erik Marchand font encore un duo impressionnant.