Rock Rock > Robot Orchestra

Interview : Robot Orchestra, Steve Tornado

Robot Orchestra / Chronique LP > V

Robot Orchestra - V Si vous avez envie de voyager à moindre frais et surtout avec un bilan carbone raisonnable, je ne peux que vous conseiller d'embarquer avec les Rochelais de Robot Orchestra, qui via V nous emmènent dans 6 villes européennes visitées au cours de leurs diverses tournées. Il aura fallu quasi 7 ans après Birth(s) pour accoucher de ce nouvel album et ces souvenirs de voyage, mais Rome ne s'est pas faite en un jour, ni "Krakow" ou "Ljubljana". "Riga" non plus, premier titre qui ouvre V et seul au format classique (3 min 30), plus direct, rentre-dedans, quand les autres sont autour des 6-7 minutes.
Chaque chanson fait ainsi office de carte postale et patchwork musical, mêlant post-rock et noise-rock, plages instrumentales atmosphériques et frénésies électriques, chants polyphoniques et cris cathartiques. Les deux camarades de toujours, Steve (guitare/chant) et Dimitri (batterie/chant) se connaissent par cœur et cette osmose s'entend à chaque seconde, mais ils n'oublient jamais de laisser la place qu'il faut à Johan (violon) et François-Pierre (violoncelle) pour former ce quatuor à cordes atypique. À tel point que le groupe pourrait se renommer Mermaid Orchestra tant il est difficile de ne pas succomber aux chants de ces sirènes.

Publié dans le Mag #59

Robot Orchestra / Chronique LP > Birth(s)

Robot Orchestra - Birth(s) Les Robot Orchestra m'avait laissé une superbe impression avec Robot orchestr3, un opus qui avait permis il y a trois ans au combo rochelais de pousser le côté esthétique de sa musique en mettant en orbite ses morceaux par de jolies mélodies pleine d'émoi. Sur Birth(s), son nouveau disque, on oublie tout ça (ou presque, délectez-vous donc à ce titre de la très belle conclusion post-rock éponyme) : on rebranche totalement les guitares, le son est métallique et abrasif, les tempi s'élèvent et s'alourdissent, la tension monte, le mode Fugazien du groupe est réactivé à toute blinde. Partant de ce constat, la surprise est double. D'une part, par le volte-face du groupe qui se rapproche du style de ses débuts (...Now we can walk), mais également par sa volonté de ne pas poursuivre l'ouverture de nouvelles portes. La raison tient sûrement au fait que le groupe soit recomposé par ses deux fondateurs. Cela n'enlève en rien la qualité de cet album bien au-dessus de la moyenne de ce qui se pratique en France, malgré une originalité qui n'est clairement pas prégnante à son écoute.

Publié dans le Mag #28

Robot Orchestra / Chronique LP > Robot orchestr3

Robot Orchestra - Robot Orchestr3 Bien connu des services de renseignements du W-Fenec (voir la chronique de ...Now we can walk, son album précèdent sorti il y a deux ans et demi), Robot Orchestra ne l'est pas forcément pour ma part. Pas évident alors d'avoir le recul rapide et nécessaire pour analyser l'évolution de ce duo devenu trio à l'occasion de la sortie en début d'année de son nouvel album, Robot orchestr3. Tenons-nous en par conséquent à ce troisième opus dont les sept titres ont été enregistrés en août 2013 par Nicolas Aigrot (guitariste de 7 Weeks et ex-Down To Earth) et mixés par Sylvain Biguet, le producteur, entre autres, de Klone, Trepalium et Comity. Impressionné par le soin que les Rochelais ont apporté à leur œuvre, tant dans le contenu (du post-rock bipolaire digressif) que dans le contenant (l'artwork de Romain Barbot ainsi que la gueule du pack promo est bien classe), ce disque est particulièrement touchant. C'est le moins que l'on puisse dire et ce n'est pas l'arrivée de Johan Gardré, avec ses violons, son Moog et sa trompette, qui vient adoucir le propos. Bien au contraire.

Robot orchestr3 démarre avec un "Invicible smoke" dont la structure est assez semblable à ce que fait Neurosis. Mystérieux, ce morceau monte en puissance progressivement pour faire chanceler son auditoire. C'est efficace et la partie où violons et guitares cohabitent est renversante, mais malheureusement pour certains, Robot Orchestra ne va pas s'obstiner à se cantonner à jouer ce style à grosse guitare tout au long de son nouvel album. Et c'est là tout son intérêt. Dimitri, Steve et Johan savent aussi sombrer dans une élégance rare, voluptueuse à l'image de "Crossroads", titre immédiat et bouleversant, surement le plus beau du lot. "Gasoline" et son rythme immuable met l'accent sur des guitares cristallines et le chant très vague à l'âme de l'ex-Headcases et désormais en solo, Luis Francesco Arena, venu prêter main forte au groupe pour l'occasion. Captivant et immédiat, bien que les titres soient souvent plus longs que la norme rock, ce Robot orchestr3 sait aussi sonner cru et vif en s'autorisant "Sunday hangover" et "So many battles", deux titres tendus un peu à part dans l'œuvre. Pas forcément là où on l'attend, le trio délivre également "Pendule", une confession acoustique pleine de spleen qui se termine en une série de percussions voilées.

C'est saisissant et le groupe montre une cohérence inébranlable dans l'hétérogénéité de ses compositions. Ambitieux, il réalise ainsi ce dont il est capable de faire sans tomber dans l'artifice, l'excès et le pathos. "Edifices" qui clôt le disque en est une preuve supplémentaire, ce titre nerveux chanté en français résume à lui seul l'album : son introduction alarmante nous emmène vers des contrées rock inflexibles et pleines de rage dans lesquelles les riffs de guitares s'envolent et nous échappent. On ressort envoûté par ce Robot orchestr3, un voyage sonore aux virages parfaitement maîtrisés de A à Z. Classe !

Robot Orchestra / Chronique LP > ...Now we can walk

Robot Orchestra - ...Now we can walk Non, ce n'est pas un orchestre de robots qui envoie ce très ouvert ...Now we can walk, mais un duo qui occupe autant d'espace qu'un groupe au complet et pas n'importe qui puisqu'on a Dim (batteur, ex-Down To Earth) et Steve (chanteur/guitariste, ex-Feeding, Mind the Gap et même Billy Gaz Station).
Le combo semble avoir de nombreuses influences et aucune limite. Science technique option math-core ("Piton de la fournaise"), énergie pure issue du punk ("Now we can walk"), ambiance dosée d'inspiration post-rock ("Celeste"), ...Now we can walk touche un peu à tout en conservant une ligne directrice forte, marquée par un son et une voix qui, à l'unisson, balancent des pulsations mélodiques, écorchées, riches en émotions. Comme s'ils devaient compenser l'absence d'autres membres, les deux compères assurent dix fois plus et fatalement impressionnent.
Beau son (merci à l'expérimenté duo Sauvé/Biguet), magnifique artwork (signé Paz Bunuel), compositions dynamiques et travaillées, Robot Orchestra s'offre un premier album de haute volée !