robi - la cavale Second album pour Robi, Chloé Robineau de son vrai nom, après une première sortie remarquée en 2013 (L'hiver et la joie), qui lui avait valu quelques dates marquantes et le prix Georges Moustaki notamment. Vue également sur scène aux côtés d'Arno, Dominique A ou Jean-Louis Murat, elle creuse donc peu à peu son sillon depuis 2012, discrètement mais sereinement.

Au fil de ses 11 titres, La Cavale s'aborde comme un disque pris entre deux feux : d'un côté la traditionnelle chanson française, celle qui hérisse parfois le poil avec ses textes vaguement poétiques, ar-ti-cu-lés à l'extrême et souvent surjoués, et de l'autre une new-wave minimaliste et froide plus anglo-saxonne, plus actuelle surtout.

À cheval entre ces deux écoles au rapprochement rare, Robi évite quelques écueils : le ton est juste, sans trop en faire, les ambiances sombres mais pas dépressives, le travail du son, subtil, semble mûrement réfléchi et aide grandement à former un tout cohérent, à poser une atmosphère. Bien que les instrumentations épurées sacrifient parfois la mélodie ("Être là", "Par ta bouche"), certaines pistes s'avèrent être de belles pépites, surtout lorsqu'elles se reposent moins sur la voix. La Cavale s'articule de fait autour de quelques titres aux refrains évidents ("L'éternité", "Nuit de fête", "À cet endroit"), évitant les coups de mou, sans dénoter avec l'ambiance froide, voire austère, du reste de l'album. On regrettera cependant une certaine consensualité, un manque d'abandon, chose que l'on sent pourtant furtivement sur le dernier titre. En ce sens la comparaison avec Joy Division évoquée par la biographie de l'artiste n'est que partiellement vraie : on convoquera plus volontiers Sad Lovers & Giants ou Magazine.

Un second LP cohérent et assumé qui pour une fois pourra autant plaire au fervent auditeur de France Inter qu'au fan de post-punk. On attend juste parfois que le propos s'envenime et nous prenne à la gorge avec davantage d'audace et de violence. Un bon album qui fait frissonner donc, mais pas encore suffisamment peur.