Rock Rock > Rescue Rangers

Biographie > Stoner power (ranger)

Rescue Rangers, projet stoner rock originaire de la région d'Aix-Marseille, est un groupe qui surprend. Tout simplement parce que les combos surfant sur la vague initiée par les cultissimes Kyuss (dont les Rescue Rangers se revendiquent d'ailleurs), ça ne court pas les rues. Mais la véritable originalité de Rescue Rangers, c'est que le groupe a décidé lors de sa formation, que sa durée de vie n'excéderait pas cinq mois (vous avez bien lu). Une démarche originale et pour le moins surprenante qui est en réalité la conséquence directe du départ programmé du guitariste/chanteur (Pascal) pour le Canada. Un groupe avec dixit les membres eux-mêmes, une "date de péremption", vous avouerez que c'est furieusement rock'n roll et complètement dans l'esprit stoner.
Restait quand même à savoir ce que valait vraiment ce groupe qui se revendiquait influencé par rien moins que Kyuss, Fu Manchu ou les incontournables Queens of the Stone Age. Composé de trois musiciens évoluant dans des formations de, au choix, rock alternatif, punk'n roll ou ska punk, Pascal (guitare/chant), Christophe (basse/chant) et Pierrot (batterie/chant) ont réussi le tour de force de se rôder sur scène lors d'une vingtaine de concerts, de composer et d'enregistrer un EP 4 titres, le tout à peine 5 mois. Aujourd'hui, Rescue Rangers n'est plus et ses membres sont repartis dans leurs formations initiales, pourtant le groupe veut cherche à faire connaître sa musique pour le plaisir, pour le rock...

Review Concert : Rescue Rangers, Rescue Rangers + The Host dans le Salon (mai. 2010)

Review Concert : Rescue Rangers, Nick, les Rangers et les terreurs nocturnes au Korigan (nov. 2009)

Review Concert : Rescue Rangers, RR & Holo @ Le Korigan (mars 2009)

Review Concert : Rescue Rangers, Brant Bjork @ le Korigan (nov. 2008)

Review Concert : Rescue Rangers, My Rock is bigger than yours (nov. 2008)

Interview : Rescue Rangers, Rescue Rangers en questions (avril 2019)

Interview : Rescue Rangers, Interview Rangers (déc. 2017)

Rescue Rangers / Chronique LP > Divisive

Rescue Rangers - Divisive Stoner puis noise et assez agressif par moments, les Rescue Rangers nous reviennent avec davantage de liant dans la musique et de miel dans la bouche pour ce Divisive. Sans renier leur passé, c'est encore Page Hamilton (Helmet) qui assure la production, les Provençaux accentuent avec cet album (le quatrième d'où la graphie particulière du titre qui met en avant un IV) leur goût (déjà décelable auparavant) pour un rock grunge qui oscille entre la rage des premiers balbutiements de Nirvana et la classe mélodique de Foo Fighters (sur "Divisive", on peut faire croire que Dave Grohl est venu en featuring).

L'opus pourra semer la discorde parmi les fans des années 90' pour savoir quel combo a bien pu influencer tel ou tel morceau, dans le désordre, on peut évoquer (en plus de ceux déjà cités) Therapy?, The Smashing Pumpkins, Rollins Band, The Presidents of the United States of America (comment ne pas penser aux auteurs de "Peaches" avec "Peachy boy" ?), Jane's Addiction, Quicksand... Et je peux allonger la liste à l'envi tant ce rock alternatif métallisé a bercé mon adolescence. Une fois de plus, les Rescue Rangers réussissent le grand écart entre harmonies électriques savoureuses et éléments vindicatifs percutants en prouvant que ces opposés peuvent se côtoyer sur le même morceau ("Delicious & refreshing", "Easy on the eyes (Ice cream)"). Reste à savoir s'il faut choisir l'ambiance qu'on préfère, personnellement, j'irais plutôt vers les parties mélodiques mais je n'ai rien contre un petit brûlot punk de la trempe d'"Authority" de temps en temps. C'est bien la preuve que le dosage est bon, ne perdons pas de temps à se poser trop de questions et profitons juste de la galette telle qu'elle est faite.

La double paire d'yeux (de chats ?) filtrée au violet qui sert d'artwork met mal à l'aise et si tout n'est pas rose dans les thèmes abordés ("Loving your servitude", "Tradittore", "Refined barbarians"...), on sort revigoré de Divisive qui permet de recharger les batteries en puisant de l'énergie du côté de la fontaine de jouvence. On vise même l'immortalité avec ce style de riffs, de rythmes, de sons puisque les années ne les affectent pas.

Publié dans le Mag #37

Rescue Rangers / Chronique LP > Join hate

Rescue rangers - Join Hate Le combo d'Aix-en-Provence pourvoyeur de galettes stoner-rock est de retour... encore (petit rappel : le groupe devait s'autodétruire au bout de 5 mois d'activité en 2005, finalement ce ne fut pas le cas puisque qu'un second EP suivit en 2008 et un album Manitoba en 2012). Embarqué en tournée avec Helmet, nos Provençaux vont être chouchoutés par son illustre leader au point que ce dernier produira l'album, et comme si cela ne suffisait pas à leur bonheur, intégrera le groupe histoire de donner des backing vocals ! On continue dans le lourd puisque le mastering est confié à Howie Weinberg, l'homme au C.V aussi long qu'impressionnant (Helmet, Sonic Youth, Nirvana, Beastie Boys, Deftones, FNM, Slayer, Public Enemy, Limp Bizkit...), concernant l'artwork c'est plus light, aucun risque de concourir pour la "cover of the year" mais ça a le mérite de retenir l'attention avec son mash-up de Chuck Norris et du Dirty de Sonic Youth.

Pas hyper fan à la base de stoner, ni de ce qu'a fait le groupe jusque-là, j'envoie le CD sans être vraiment excité ni impatient plus que cela et du coup la surprise n'en sera que plus belle puisque d'entrée de jeu "Join hate" va me mettre une grosse claque ! Gaulé comme du Made Out Of Babies sous taurine : urgent, puissant et noisy, le titre est une pure tuerie noise..."Khalil" qui arrive derrière, nous prend un peu à contre-pied, un morceau très grungy qui pourrait rappeler certains de Siamese dream des Smashing Pumpkins, on est un peu déstabilisé sur le coup mais il faut se reprendre rapidement parce que "Moped synch" déboule avec un Page Hamilton des grands jours pour nous en remettre une couche et derrière il y a de la réserve : "Choke", "Malcontent" et surtout "Keep smiling", c'est assez surprenant car on croirait entendre Helmet période Aftertaste, limite ça éclipserait presque nos frenchies qui sont derrière tout ça... Join hate ne se laisse pas pour autant vampiriser par l'ex-Band Of Susans, pas question d'être un ersatz du groupe new-yorkais et Rescue Rangers va le prouver en décochant quelques flèches indie punk-rock taillées dans le gras, "Repetition", "Vibe hotel" et "Broken faces" logeront dans le mille, idem pour "Tiger" qui se permet même de venir bousculer Houston Swing Engine sur son propre terrain !

C'est un sans faute pour les Marseillais qui enquillent en moins d'une demi-heure (2 grosses minutes par titres pas plus !) un album aux réminiscences très 90's où le punk-rock côtoie le post-hardcore, on songe un peu au Beaster de Sugar voire au Troublegum de Therapy?, un disque à ranger à côté du Travelling in travel de Dysfunctional By Choice... top !

Publié dans le Mag #31

Rescue Rangers / Chronique LP > Manitoba

Rescue Rangers - Manitoba Il y a quelques années, l'un des, assurément, tous meilleurs groupes de rock/power-pop que l'hexagone ait jamais compté - en l'occurrence Atomic Garden, sortait un album livré dans un CD tout bleu. En 2012, les Rescue Rangers en font de même avec leur (enfin) deuxième effort long-format, mais changent la couleur. L'intérêt de cette introduction ? Extrêmement limité, c'est un fait, mais cela nous permet au moins de dire qu'il est enfin là... le précieux, répondant au doux nom de Manitoba, du patronyme d'une province canadienne réputée pour ses 110,000 lacs... oui ça c'était pour la petite leçon de géographie du jour.

Sinon musicalement, les RR reviennent aux affaires, avec le désir ardent de tout casser évidemment, mais sans pour autant rentrer directement dans le lard du client. "In time, Pal" (et son groove impérial avec en invité de luxe Dave Angstrom - Hermano) puis l'excellent "The blank" jouent ainsi la carte d'un desert-rock/stoner épris de liberté, à la fois volubile et aérien, un rock au chant particulièrement mélodique et la ligne rythmique qui ne s'en laisse pas compter. Une musique très fluide ("Ape shall not kill ape"), qui a certainement maturé longtemps avant d'être livré au monde... et qui a la double qualité d'être aussi élégamment incisive que subtilement raffinée... tout en jouant la carte d'un stoner racé assez unique dans son genre même si l'influence des grands-maîtres de la catégorie se fait ressentir ci-et là (ok donc triple qualité, on leur renverra la facture...).

Fuyant le cliché du stoner power-burné de base qui incendie les enceintes quoi qu'il en coûte (on pense du reste parfois à Brant Bjork en solo, voire à 16 Horsepower dans l'approche du songwriting), les Rescue Rangers livrent ainsi sans ciller une ballade rock aux effluves old-school prog et aux teintes presque pop avec le spatial "New astronomy" avant de faire la démonstration de ce que peut être l'archétype du contraste artistique en matière de musique électrique sur "Why so serious". Un titre à la limite de la schizophrénie stoner, aux progressions lancinantes et aux éclairs plus nerveux qui viennent lézarder l'apparent sentiment de quiétude dans lequel le groupe s'est amusé à plonger l'auditeur. Une petite respiration acoustique de quelques quarante secondes plus tard ("Done gone"), et voici que les Rangers repartent au turbin avec LE morceau de l'album. Un peu le "Hassan Sabbah" 2.0 (titre qu'ils avaient commis sur leur premier opus)

"Manitoba", soit un éponyme, accessoirement pur titre de stoner-rock solaire et chamanique qui respire la rocaille et la sueur. Le genre de morceau qui vient "perdre" l'auditeur en plein coeur des canyons pour le laisser expérimenter des émotions psychotropes inédites. Un must dont l'effet est encore accru par ce que le groupe va proposer ensuite : soit rien moins qu'un duo avec Nick Oliveri (Kyuss, ex-QOTSA, Mondo Generator, oui monsieur!) le temps d'un "Creeper, the one who creeps" complètement habité et à la lourdeur hypnotique. Riffing musculeux, un double chant dément à la manoeuvre et une section rythmique qui assure la cadence derrière. Une tuerie qui met un peu plus ce Manitoba sur orbite pour mieux laisser sa place à un "Gone. Done" crépusculaire aux effluves parfois folk, à la Neil Young et aux accents rock toujours affirmés, quoiqu'un peu fouillis par moments. Nouvelle respiration, "Pink Floydienne" avant le final, très beau de "You are here". Une nouvelle ballade rock, au sens le plus pur du terme et au feeling, parsemé d'explosions de guitares, incomparable... Classe évidemment.

Rescue Rangers / Chronique LP > Guitars and dust dancing

rescue_rangers_guitars_and_dust_dancing.jpg Flashback : automne 2005, un groupe de stoner venu du sud de la France (qui vient de glousser au fond de la salle que je l'encadre ?) nous désencrassait sauvagement les tympans à coup de lattes bien rock'n roll, une basse vrombissante à souhait et un feeling caniculaire qui faisait foutrement plaisir à entendre. Le nom : Rescue Rangers, l'objet du délit : Masters of the middle finger, un maxi 4 titres urgent et furieux, qui fleurait bon le gros rock graisseux exécuté au bord du grand Canyon, sous un soleil de plomb (sous la pluie du Nord-Pas de Calais, le plaisir n'aurait pas été le même... forcément). Le concept : être le premier groupe du monde avec une date de péremption clairement affichée dès le début... et pourtant. Février 2007, n'y tenant plus, le groupe se reforme et se lance à l'assaut des cimes du stoner rock en publiant quelques mois plus tard un nouveau maxi composé de 6 titres Bring the hammer down (que l'on essaiera de chroniquer dès qu'on aura 5 minutes). Quelques semaines plus tard, retour en studio pour faire comme des grands et accoucher d'un premier album, composé de 10 titres, divisé en 2 parties (A et B) et intitulé Guitars and dust dancing. Donc forcément, on est plus qu'intéressé. A peine le CD réceptionné début 2008, on l'enfourne dans le mange disque, on pousse les manettes à fond et "Sound of the katana" retentit dans les turbines. Du rock burné, foutrement bien gaulé, un bonne grosse louche de stoner alcoolisé, le groupe fait tranquillement ronronner la machine. L'artwork de l'album évoque clairement les grandes étendues désertiques américaines, le vibrant appel au désert que constitue "Hassan Sabbah" (mais ne s'agirait-il pas plutôt du désert arabique le concernant...?), ou l'éponyme "Guitars and dust dancing" nous invitent à partager les goûts du groupe pour les atmosphères caniculaires et les riffs ensablés aux quelques accents bluesy. Au détour d'une petit rocher, ou d'une petite pause détente savoureusement alcoolisée, les RR nous envoient des morceaux un peu plus énergiques dans les écoutilles avec le classieux "Annoyed" ou le plus électrique et groovy "Black as bastet". Un feeling monstrueux, une petite séance de riffs qui descendent en cascade le long de la colonne vertébrale, une section rythmique qui dépouille et un chant qui assure grave, Rescue Rangers confirme sans l'ombre d'un doute tout le bien qu'on pouvait penser d'eux après un premier EP bien trop court. Aux côtés de combos hexagonaux telles que Glowsun ou Loading Data, le groupe met un point final à la premier partie de son album, pour mieux enchaîner derrière avec la suite... qui ne tarde pas à venir avec un "Spear" toutes guitares dehors. Une mélodie rock qui se visse dans la tête sans effort, un riffing compact et massif, un son plutôt bourdonnant mais assez bien adapté au style du groupe, on pense aux QOTSA, la petite griffe personnelle en plus. Elargissant le spectre de sa musique vers des horizons un peu plus psychédéliques, Rescue Rangers se fend d'un "Scary black holes" (un must) et d'un "In cathedralica" plus posés, où il prend le temps de construire patiemment des ambiances hypnotiques sinon narcoléptiques. Un petit coup de "King cobra", sorte de trip chamanique enfumé, plus tard et voilà que le groupe arrive au terme de son périple musical avec "The scorpion deathlock", déjà présent sur Master of the middle fingers, réenregistré pour l'occasion et toujours aussi vénéneux sinon plus. En attendant une distribution hexagonale à la hauteur de leur talent, les Rangers vous saluent bien bas...

Rescue Rangers / Chronique EP > Masters of the middle finger

rescue rangers artwork On l'aura compris, ce premier et unique EP 4 titres au titre d'un goût relativement douteux, les Rescue Rangers l'ont voulu direct, rapide et inspiré par les grands maîtres du stoner que sont les John Garcia, Brant Bjork et autres Scott Reeder. Tâche pour le moins insurmontable et pourtant, les provençaux s'en sortent sans trop de casse.
Si l'introductif "Spear" ne convainc pas vraiment, trop lisse, trop conventionnel, pas assez brut de décoffrage, la suite s'avère plus convaincante. "Figure 4" est à ce titre l'archétype du morceau où l'influence des Queens of the Stone Age sur la scène rock actuelle se fait vraiment sentir, peut-être un peu trop d'ailleurs. N'est pas Josh Homme, Joey Castillo ou Troy Van Leeuwen qui veut, Rescue Rangers nous offre avec ce deuxième titre, du vrai bon stoner rock comme on l'aime, une basse lourde, une batterie bien carrée comme il faut, des riffs incisifs et percutants, le groupe a révisé ses classiques et ça s'entend. Un partout la balle au centre.
Troisième titre de ce maxi, "The final staccado" renvoie encore une fois inévitablement aux QOTSA, avec un groove purement stoner, une ambiance caniculaire et oppressante et même une petite dose de solo de gratte abrasif à la Kyuss qui finit par nous procurer quelques petits picotements derrière la nuque. Du travail bien fait. Les Rescue Rangers, à défaut d'une originalité hors du comment, ont de l'énergie à revendre et ne s'en prive pas pour nous balancer dans les oreilles un "The scorpion death lock" venimeux et lancinant au chant éraillé, au tempo enlevé et aux riffs implacables.
Un stoner sous influence pour un maxi efficace et pas désagréable à écouter, les Rescue Rangers ont largement réussi leur coup, montrant par la même occasion que le stoner n'est pas forcément réserver aux combos californiens ou scandinaves (Dozer), pour peu qu'on ait un minimum de talent, de background musical et d'envie. Dommage que le groupe en reste là, à moins que...

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