Il y a quelques années, l'un des, assurément, tous meilleurs groupes de rock/power-pop que l'hexagone ait jamais compté - en l'occurrence Atomic Garden, sortait un album livré dans un CD tout bleu. En 2012, les Rescue Rangers en font de même avec leur (enfin) deuxième effort long-format, mais changent la couleur. L'intérêt de cette introduction ? Extrêmement limité, c'est un fait, mais cela nous permet au moins de dire qu'il est enfin là... le précieux, répondant au doux nom de Manitoba, du patronyme d'une province canadienne réputée pour ses 110,000 lacs... oui ça c'était pour la petite leçon de géographie du jour.
Sinon musicalement, les RR reviennent aux affaires, avec le désir ardent de tout casser évidemment, mais sans pour autant rentrer directement dans le lard du client. "In time, Pal" (et son groove impérial avec en invité de luxe Dave Angstrom - Hermano) puis l'excellent "The blank" jouent ainsi la carte d'un desert-rock/stoner épris de liberté, à la fois volubile et aérien, un rock au chant particulièrement mélodique et la ligne rythmique qui ne s'en laisse pas compter. Une musique très fluide ("Ape shall not kill ape"), qui a certainement maturé longtemps avant d'être livré au monde... et qui a la double qualité d'être aussi élégamment incisive que subtilement raffinée... tout en jouant la carte d'un stoner racé assez unique dans son genre même si l'influence des grands-maîtres de la catégorie se fait ressentir ci-et là (ok donc triple qualité, on leur renverra la facture...).
Fuyant le cliché du stoner power-burné de base qui incendie les enceintes quoi qu'il en coûte (on pense du reste parfois à Brant Bjork en solo, voire à 16 Horsepower dans l'approche du songwriting), les Rescue Rangers livrent ainsi sans ciller une ballade rock aux effluves old-school prog et aux teintes presque pop avec le spatial "New astronomy" avant de faire la démonstration de ce que peut être l'archétype du contraste artistique en matière de musique électrique sur "Why so serious". Un titre à la limite de la schizophrénie stoner, aux progressions lancinantes et aux éclairs plus nerveux qui viennent lézarder l'apparent sentiment de quiétude dans lequel le groupe s'est amusé à plonger l'auditeur. Une petite respiration acoustique de quelques quarante secondes plus tard ("Done gone"), et voici que les Rangers repartent au turbin avec LE morceau de l'album. Un peu le "Hassan Sabbah" 2.0 (titre qu'ils avaient commis sur leur premier opus)
"Manitoba", soit un éponyme, accessoirement pur titre de stoner-rock solaire et chamanique qui respire la rocaille et la sueur. Le genre de morceau qui vient "perdre" l'auditeur en plein coeur des canyons pour le laisser expérimenter des émotions psychotropes inédites. Un must dont l'effet est encore accru par ce que le groupe va proposer ensuite : soit rien moins qu'un duo avec Nick Oliveri (Kyuss, ex-QOTSA, Mondo Generator, oui monsieur!) le temps d'un "Creeper, the one who creeps" complètement habité et à la lourdeur hypnotique. Riffing musculeux, un double chant dément à la manoeuvre et une section rythmique qui assure la cadence derrière. Une tuerie qui met un peu plus ce Manitoba sur orbite pour mieux laisser sa place à un "Gone. Done" crépusculaire aux effluves parfois folk, à la Neil Young et aux accents rock toujours affirmés, quoiqu'un peu fouillis par moments. Nouvelle respiration, "Pink Floydienne" avant le final, très beau de "You are here". Une nouvelle ballade rock, au sens le plus pur du terme et au feeling, parsemé d'explosions de guitares, incomparable... Classe évidemment.
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Rescue Rangers : Chronique LP
Manitoba
In time, Pal
The blank
Ape shall not kill ape
New astronomy
Why so serious
Done, gone
Manitoba
Creeper, the one who creeps
Done. gone
New astronomy (reprise)
You are here
The blank
Ape shall not kill ape
New astronomy
Why so serious
Done, gone
Manitoba
Creeper, the one who creeps
Done. gone
New astronomy (reprise)
You are here
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