Rock Rock > Red Sparowes

Biographie > Post-rock all stars

Le label Neurot Recordings est sans doute à l'heure actuelle, avec Ipecac (label de Mike Patton) et Hydra Head (label de Aaron Turner d'Isis), l'une des structures les plus fascinantes du moment. De par l'exigence de qualité de son catalogue et son ouverture d'esprit, ce label fondé par les membres de Neurosis, a su attirer en son sein des groupes aussi talentueux que Grails, Made out of Babies, Lotus Eater, Tribes of Neurot et Isis.
L'intérêt de parler de tout ça réside dans le fait que Red Sparowes n'est pas un groupe comme les autres mais plutôt une sorte all star's band, en fait le side-project de Bryan Clifford Meyer (guitare), Josh Graham (guitare), Jeff Caxide (basse/ guitare), Greg Burns (basse) et Dana Berkowitz (batterie), soit des membres de Isis, Neurosis, Halifax Pier et Pleasure forever.
Formé fin 2004, Red Sparowes s'attelle à l'écriture du premier album du groupe, un disque intitulé At the endless dawn, qui sort en Février 2005 chez Neurot Recordings.

Red Sparowes / Chronique LP > The fear is excruciating, but therein lies the answer

Red Sparowes - The fear Is excruciating, but therein lies the answer Aux dires de certains, le post-rock serait un "sous-genre" musical largement surreprésenté par une masse toujours plus importante de formations clonées les unes sur les autres et de fait, englué depuis trop longtemps dans un système le conduisant à tourner en rond. Ce n'est pas tout à fait vrai. Mais ce n'est pas tout à fait faux non plus. Car si on a le plaisir de découvrir assez régulièrement des projets de qualité, on ne compte plus les formations dites "suiveuses" empruntant encore et encore les mêmes sillons musicaux que celles qui les ont précédées. Et là débarque Red Sparowes avec son dernier-né : The fear is excruciating, but therein lies the answer...
Cocktail heavy/post-rock comme toujours chez ces américains, finement ciselé, l'album marque une vraie évolution dans la trajectoire du collectif. De la succession d'épisodes post-rock classieux marquant la narration d'un scénario à la mythologie étudiée, à prendre obligatoire dans sa globalité afin d'en saisir les plus infimes nuances, Red Sparowes est passé à quelque chose de moins "conceptuel" sur la forme comme le fond. De fait, The fear... est plus un "album" sens de compilations de morceaux indépendants, de "stand alone" écrit avec le soucis de boucler la trame mélodique au terme des 4 ou 5 minutes que dure chaque titre (ou à peu près). Les compositions se suivent, se répondent plus ou moins et à chaque fois, le groupe semble chercher à raconter une nouvelle histoire ("In illusions of order", "A hail of bombs"), toujours deux ou trois tons au dessus de ses contemporains (le très beau "As each end looms and subsides").
Arrangements toujours aussi élégants, des harmonies feutrées ("Giving birth to Imagined saviors"), contorsions stratosphériques, quelques éclairs que ne parviennent pas à museler des guitares posées avec une délicatesse infinie ("A swarm"), Red Sparowes ne se soucie plus du tout de convaincre ou de plaire (ce qui était un peu le défaut du premier album), le collectif a trouvé son identité depuis l'album précédent et avance, écrit, progresse, comme il l'entend. Nappes électriques, atmosphères veloutées et guitares scintillantes, Red Sparowes démontre au fil des écoutes qu'il a véritablement changé ("In every mind", "A mutiny"), notamment en portant son intérêt sur quelque chose de légèrement différent de ce à quoi il nous avait habitué. Ce faisant, il nous emmène avec lui explorer les facettes d'un post-rock organique moins prévisible qu'il n'y paraît, quand bien même l'album manque d'un ou deux morceaux capables de nous transporter dans une autre dimension... celle des disques de grande classe.

Red Sparowes / Chronique LP > Every red heart shines toward the red sun

red_sparowes_every.jpg "The Great leap forward poured down upon us one day like a mighty storm, suddenly and furiously blinding our senses", ça c'était le titre du morceau ouvrant le deuxième album de Red Sparowes, Every red heart shines toward the red sun (ah... les miracles du copié-coller). Donc on va faire simple, on va nommer les morceaux par leur numéro. C'est arbitraire, mais c'est comme ça, sinon la chronique qui va suivre va durer 12 pages...
Après un premier album où la couleur dominante était le vert, Red Sparowes saute une classe de maternelle et découvre le rouge. Le rouge comme la Chine communiste, le rouge, pourpre comme la couleur des rivières de sang qui s'écoulent dans nos veines. Une idée centrale de cet album dont le concept, finalement assez sombre, n'était donc pas de proposer des titres à rallonge et de rendre par là-même la tâche du chroniqueur impossible (sic). Et pourtant.
La Chine donc et plus précisément un programme complètement absurde baptisé "Great sparrow Campaign" et signé Mao Zedong qui prévoyait l'extermination massive des millions de moineaux, provoquant indirectement la mort de 30 millions de personnes dans le pays. Une thématique assez curieuse pour un disque au souffle artistique ahurissant et à la classe incontestable. Entre lignes de guitares étouffantes et instrumentations travaillées portées par un spleen mélodique doux, feutré et amer, Red Sparowes fait parler ses arrangements tout en subtilité, en détails discrets et nappes post-rock évanescentes. Every red heart shines toward the red sun est un album à la maîtrise technique et artistique rare, une oeuvre baignant dans une mélancolie desenchantée latente qui peu à peu, parvient à créer des paysages musicaux dans lesquels on aimerait volontiers se perdre. Tout en puissance et délicatesse, le groupe livre un opus rouge sang où les plages calmes et atmosphériques se substituent sans effort aux intenses murs de guitares. Et vice-versa.
Dépassant allèrement le pourtant très bon At the soundless dawn, les américains semblent de mieux en mieux maîtriser leur sujet, d'autant qu'instrumentalement, Isis et Neurosis obligent, c'était déjà béton. Au-delà d'une étiquette "post-rock" forcément dangereusement réductrice, ils livrent une partition hautement métaphorique, un disque riche et sans complaisance, un album d'une rare précision artistique, car vraisemblablement écrit avec le souci constant de ne négliger aucun détail et de rendre justice à l'intelligence de son auditeur. Difficile dans ces conditions de lui trouver le moindre défaut. Etonnant dans son approche conceptuelle, irréprochable dans son intégrité artistique et sa réalisation formelle, Every red heart shines toward the red sun est, bien que sorti assez discrètement, l'un des meilleurs disques entendus depuis des années. Une "master-piece" évidente...

NB : une petite vidéo dans laquelle le groupe explique ses intentions au moment d'écrire et enregistrer ce disque est dispo en source.

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Red Sparowes / Chronique LP > At the endless dawn

Red Sparowes - At the soundless dawn A quoi s'attendre de la part d'un groupe notamment composé de membres éminents de la scène post-hardcore tels que Neurosis, et qui déclare vouloir livrer avec At the endless dawn un album de post-rock à la Godspeed You! Black Emperor N'étant pas véritablement amateur de post-hardcore apocalyptique et n'ayant posé qu'une vague oreille sur The eye of every storm, dernier opus en date de Neurosis, je peux toutefois dire que la musique de Red Sparowes n'a pas grand-chose à voir avec celle de la formation de Steve Von Till. Pas plus qu'elle n'a de point commun avec le post-rock classieux de Grails, groupe également signé chez Neurot Recordings.
Red Sparowes livre avec At the endless dawn une musique bercée d'un ésotérisme mélodique, l'aube du titre de cet album marquant la fin du rêve éveillé dans lequel les premiers morceaux nous auront plongés. On passera sur la longueur exagérément démesurée des titres des sept pistes que compte cet album pour se concentrer sur l'essentiel. Un son cristallin, des mélodies intemporelles, le groupe nous offre un album de post-rock raffiné aux tendances progressives largement assumées. Claviers, guitares, batterie, basse, Red Sparowes impressionne autant par sa maîtrise formelle que par l'inventivité de l'heure de musique qu'il propose à travers cet album.
Lignes de basse, travail sur les ambiances, At the endless dawn est en album raffiné, fruit de l'expérience de musiciens qui, quelque part entre la douce épure d'un Tortoise et la puissance d'un Explosions in the Sky, nous prouvent qu'ils cherchent à créer un post-rock différent de celui que l'on a l'habitude d'entendre. Les sonorités noisy et l'aspect très rock de certains rythmiques et lignes mélodiques nous feraient presque penser à du My Bloody Valentine. Décidés à laisser parler l'inspiration et toute la liberté que leur offre ce projet parallèle, les musiciens de Red Sparowes livrent avec At the endless dawn, une vague de 7 titres ciselés et maîtrisés à la perfection, un premier essai subtil et inspiré. Classe.