RHCP - One hot minute Blood sugar sex magik a été un carton interplanétaire mais aussi l'album de la perte de John Frusciante qui quitta le navire Red Hot Chili Peppers suite à une pression qu'il n'arrivait plus à gérer. Ce dernier fait est d'une importance capitale puisqu'il sera le facteur qui conditionnera l'évolution de leur album suivant : One hot minute. Les Californiens vont se mettre à la recherche d'un nouveau guitariste qu'ils trouveront, après plusieurs essais, en la personne de l'ex-Jane's Addiction, Dave Navarro. Celui-ci amène sa virtuosité et son feeling mais aussi forcément un peu de Jane's Addiction : une excentricité latente et une certaine conception du rock. Car avec One hot minute, les Red Hot Chili Peppers snobent en partie la fusion enflammée des albums précédents pour un autre visage plus rock mais tout autant, si ce n'est plus, jouissif.
Avec le premier titre "Warped", la météo est dores et déjà à la tempête : c'est l'ouragan Navarro qui catapulte les Californiens vers d'autres sphères musicales. On retrouve les ingrédients qui ont fait la réputation des Red Hot Chili Peppers : une section rythmique au groove polyvalent et métronomique, un chanteur aux vocalises acrobatiques qui ne démérite pas lorsqu'il s'agit de transmettre des émotions et surtout un guitariste à la forte personnalité fraîchement embauché qui vient déjà sceller la musique des piments rouges de son empreinte. Tous ces éléments mis au service d'une musique parfois très différente et plus agressive de l'accoutumée mais toujours ouverte à quelques anciennes réminiscences. A l'instar de "Warped", des titres comme "Transcending" et "Coffe shop" avec son refrain irrésistible ("Meet me at the coffe shop, we can dance like Iggy Pop") en hommage à l'iguane sont représentatifs de ce durcissement de ton et de son. D'autres comme "Aeroplane" et "My friends" soulageront partiellement les fans de la première heure avec des morceaux qui n'aurait pas dépareillés sur Blood sugar sex magik. De l'audace à revendre et la volonté de surprendre/déconcerter, c'est ce que "Deep kick" et "One big mob" démontrent, les Red Hot Chili Peppers font preuve de sacré disposition lorsqu'il s'agit de développer des titres plus conséquents (ils flirtent avec les 6 minutes, assez inhabituel pour eux) avec des variations de tempos et des modulations d'ambiances : douche de décibels/phases comateuses ou phases comateuses/douche de décibels, c'est toujours l'occasion pour les Red Hot de briller et pour Dave Navarro, d'exploiter son talent au travers de moments sonores aux saveurs psyché' qui incitent à la fabrication d'endorphines chez l'auditeur.
Les RHCP développent sur 13 titres des atmosphères variées et dépaysantes à suivre (on atteint un sommet de drôlerie sur "Pea") avec toujours cette propension à emmener l'auditeur loin, très loin, trop loin au grand regret du responsable marketing de leur maison de disques et des fans les plus cintrés (ce n'est évidemment pas le cas des lecteurs du W-Fenec). One hot minute, c'est l'occasion de voir chaque membres des Red Hot Chili Peppers dans des moments de grâce "rock'n'rollesque" ou il est difficile de ne pas se dire que certains passages sont complètement monumentaux et touchent au génie. En 1995, le viagra n'existait peut-être pas sous sa forme médicamenteuse mais les RHCP en livraient déjà à la terre entière sous la forme d'un disque à la pochette enfantine. Culte de chez culte.