re_ignition_empty_heart_loaded_gun.jpg "Short memory", "Like a beating", Loosely tied ends" ou "Lies & money", des titres pas trop courts, pas trop long non plus, mais compacts, gorgés de riffs turgescents, de rythmiques speedés et de mélodies surpuissantes... Re:Ignition emballe les premiers titres de Empty heart : loaded gun avec une facilité déconcertante qui n'a pour seule but de démontrer une chose : son efficacité... Irréprochable. Extrèmement bien produit, ce premier album du quintet tout droit débarqué de la Bay Area, balance son rock, alternatif et calibré pour humilier la concurrence un peu trop "hard fm-isée" à son goût. Une volée de titres ravageurs, furieusement power-rock et parfaitement maîtrisés, certes le groupe n'invente pas grand chose, il emprunte même un chemin musical relativement balisé, mais il parvient à se sortir de la médiocrité crasse à coup de guitares sulfuriques et de section rythmique omnipotente. Avant tout rock burné et catchy, Re:Ignition fait parler sa force de frappe le temps de quelques titres qui rentrent dedans sans s'excuser et piétinent leur adversaire du jour avec une aisance qui a de quoi surprendre.
Cela dit, deux des membres du groupes sont issus de Skinlab, un combo thrash metal pas forcément réputé pour sa douceur apaisante. Et pourtant, des titres comme "By a thread" ou l'excellent "Head on" construit sur un faux-rythme nonchalant et des mélodies post-grunge entêtantes, viennent démontrer que le groupe veut jouer avec la nuance douce au lieu de constamment matraquer les conduits auditifs de ses auditeurs. Ce qui n'empêchent pas pour autant les californiens de nous gratifier de quelques breaks métalliques salvateurs et gorgés en testostérone. Avouant ses préférences pour un rock évoquant les sonorités d'un QOTSA des débuts ou d'un Soundgarden pour le côté caniculaire, tout en ne refrénant pas quelques ardeurs plus orientées "metal alternatif" que l'on pourrait chercher du côté des Deftones par exemple, Re:Ignition parvient à trouver son style. Il évite ainsi de sombrer dans le mainstream tout en restant suffisamment accrocheur pour plaire au plus grand nombre ("Unbearable", "Left behind"). Jonglant entre les clichés et le gros son qui déboîte en se laissant aller à quelques fulgurances punky sur le turbulent "Spinning in circles", ou à développer patiemment des ambiances plus desert rock sur le rageur "Bright red", Re:Ignition, n'évite pas quelques grosses ficelles, mais parvient à allier tous les éléments rock/metal alternatif qu'il a en sa possession pour les insérer intelligemment dans un album racé, puissant et foutrement bien guaulé.