Radiohead : Amnesiac Difficile de choisir un album à chroniquer lorsque l'on se plonge dans l'œuvre de Radiohead, comment ne pas passer à côté d'un album majeur de ce qui s'est fait dans le genre rock/pop/alternatif ces dix dernières années ? En fait, on ne peut pas, Radiohead, c'est le talent à l'état pur, la recherche d'absolu, l'élégance d'un style particulier, l'innovation perpétuelle. A tel point que l'auditeur sera tantôt envoûté, tantôt dérouté, mais jamais déçu par ce qu'il découvrira tout au long des onze morceaux que recèlent cet Amnesiac.
Certes les quelques circonvolutions éléctroniques un peu absconses de titres tels que "Packt like sardines in a crush tin box", "Pull/pulk revolving doors", ou les deux courts interludes qui précèdent le morceau final, laisseront de marbre ceux qui ne sont pas familiers de l'univers du groupe. Pourtant, dès la première écoute d'Amnesiac, on se laisse porter par la grâce d'une œuvre où Thom Yorke et sa bande passent d'un style à l'autre (jazz, éléctro, post-rock, pop) avec une maîtrise rare. Radiohead mêle brillamment expérimentations sonores complexes et ballades pop/ rock désenchantées à la beauté incomparables ("Pyramid song", "Morning bell").
"Pyramid song", pièce centrale de cet Amnesiac, et sa mélodie au piano ou "I might be wrong" et sa ligne de guitare entêtante qui revient en permanence, sont des titres qui n'ont rien à envier à ceux que l'on pouvait retrouver sur Kid A, l'album précédent de Radiohead, l'une des références absolue pour nombre d'amateurs de ce style de musique. En y réfléchissant bien, Amnesiac est le prolongement parfait de ce que le groupe avait expérimenté sur son prédécesseur. Cependant, Radiohead ne se contente pas de produire un jumeau de Kid A (la solution de facilité), comme à chaque nouvel opus, le groupe cherche à se renouveler, à s'ouvrir vers de nouvelles perspectives, sans s'enfermer dans une musique trop inaccessible et ennuyeuse.
A ce titre, des morceaux tels que "You and whose army" ou "Dollars and cent" sont de savants mélanges entre l'accessible et l'expérimental. Deux titres névrotiques et enivrants où Radiohead se montre toujours aussi inspiré et innovant.
En guise de final, les cinq Anglais se devaient de nous surprendre encore une fois, c'est chose faite avec "Life in a glass house", où le Radiohead tel qu'on le connaît se transforme pour l'occasion en véritable jazz-band. Piano, saxophone, rythmique jazzy, le groupe nous livre un morceau remarquable qui conclut en apothéose cet Amnesiac qui occupe une place de choix dans la discographie du groupe. Preuve que la "Radiohead's touch" est un gage de réussite et ce, quelques soient les registres abordés. Ce groupe n'en finira jamais de nous éblouir…