Radiohead :  Hail to the thief Hail to the thief (ou The gloaming, tous les titres étant dédoublés) est le trait d'union qu'il aurait fallu entre OK Computer et Kid A pour que le clash soit moins brutal. Parce que si cette nouvelle heure de musique est très accessible, très "pop" (on est "rassuré" dés le premier titre "2+2=5"), Radiohead a conservé son goût pour l'expérimentation rythmique ("Sit down. Stand up", "Backdrifts") et sonore ("The gloaming"). Mais leurs bidouillages ne sont plus les principaux acteurs, ils sont repassés à l'arrière plan, les mélodies et le chant de Thom Yorke ont repris les devants ("I will"). La pop des anglais passe aujourd'hui par le piano ("Sail to the moon", "We suck young blood") qui accompagne parfaitement la voix de Thom par moments, Ed et Jonny ne sont pas en reste pour autant et si leurs doux arpèges ("Scatterbrain") semblent discrets, c'est qu'ils se lâchent bien plus sur les morceaux bien plus dynamiques et chaleureux ("Go to sleep", "There, there", "A punchbag at a wedding"), le rock triomphe alors des machines... Si ce Radiohead là est imparable, c'est quand il mixe un peu tous ces ingrédients qu'on peut le soupçonner de sorcellerie ... sur "Where I end and you begin", des nappes de synthé rappellent avec bonheur Archive et nous emmènent "là haut dans les nuages" auprés d'un Thom qui utilise les mêmes charmes que les sirènes. On atteint l'irrationnel, mais bercé par ces chansons, on croit encore être plus ou moins maître de nous-mêmes, c'est "Myxomatosis" (et non "Myxamatosis" comme l'indique le CD-Player intégré à l'album) qui nous réveille, il est trop tard, nous avons échoué, nous sommes prisonniers, on se croyait libre mais comment résister à ce son ahurissant ? A cette mélodie enchanteresse ? La dynamique du sortilège est incassable, imparable, nous hypnotise, "Myxomatosis" est transcendantal.
Radiohead est revenu sur terre pour nous tracer le chemin de leur paradis, allons-y.