radiohead_band.jpg 1995, Tran Anh Hung présente Cyclo son nouveau film, la bande annonce se déroule sous mes yeux mais ce sont mes oreilles qui s'émoustillent, "c'est quoi ce putain de morceau ?" Un titre aux allures grunge, avec un riff de gratte imparable et une voix qui attire l'attention... C'est "Creep" de Radiohead... Dans la foulée je me procure Pablo honey (sorti en 1993), premier album plutôt pop d'où se détachent (outre ce fameux "Creep") "Anyone can play guitar" et "You". Ce dernier ("You") est un titre surgit du passé, il était déjà présent sur la démo Manic Hedgehog (4 titres) qu'un obscure groupe de potes appelé On A Friday avait sorti à la fin des années 80. Ce maxi aurait pu être le point culminant de la vie de ce petit groupe de lycée formé à partir de 1982 par Thom Yorke (chant, guitare), Ed O' Brien (guitare), Colin Greenwood (avec qui Thom jouait dans un groupe de punk : TNT, basse), Phil Selway (batteur) et Jonny Greenwood (ramené par son frère Colin, guitare). Très occupés par leurs études, les jeunes anglais délaissent un peu la musique... ils se retrouvent à l'université d'Oxford et relancent la machine en 1987. Suite à plusieurs démos, ils se font repérer, signent chez EMI et changent de nom pour Radiohead (en hommage au titre "Radio head" des Talking Head), nous sommes en 91 et jusqu'en 93, le groupe ne sortira que des maxis qui ne rencontrent pas leur public. C'est avec Pablo honey et le single "Creep" que Radiohead se fait enfin connaître... Après une première grosse tournée, le groupe retourne en studio. En sort The bends en 1995, les singles se suivent et la quasi totalité de l'album est remarquable, "My iron lung", "High & dry", "Just" ou "Street spirit (fade out)" touchent un vaste public. Radiohead devient un grand groupe de brit pop et en pleine guéguerre Oasis / Blur, ils évitent soigneusement tout tapage. La voix de Thom Yorke comme le son de Jonny Greenwood deviennent des références.
On attend alors la suite impatiemment, le troisième opus sort à l'été 1997 : OK Computer met tout le monde d'accord, c'est un des meilleurs albums de la décennie. Jusque là Radiohead était un bon groupe, ils deviennent des demi-dieux. "Airbag", "Paranoid android", "Karma police", "No surprises", "Lucky" sont autant de perles pop rock dont on se délecte à l'infini. Le ton, la douceur du combo mais aussi la richesse de ses sonorités (OK Computer voit l'intégration de nombreuses parties électroniques) est adulée, admirée, personne ne peut leur résister. C'est aux Eurockéennes que je vis pour la première fois l'expérience Radiohead live, les anglais nous font oublier la pluie et le froid, l'instant est magique. OK Computer semble intemporel, réécouté récemment, il n'a pas pris une ride et a encore un paquet de longueurs d'avance sur énormément de groupes suiveurs (Tokyo/Overtones ou Athlete pour n'en citer que deux qui sont très prometteurs)... L'appétit vient en mangeant et comme on se goinfre de cet album, on attend la suite du menu.
Clash.

Octobre 2000, le rêve s'arrête brutalement. La montagne Kid A accouche pour moi d'une souris. Radiohead semble perdu dans ses élucubrations électroniques, les guitares samplées qui tournent en rond et Thom qui perd la tête à essayer de les semer. Perdu, trahi, j'abandonne. La presse adhère et applaudit pour "croire au génie" ou pour ne pas passer pour "stupide" aux yeux d'une génération qui attendait trop de Radiohead pour être déçue. On ne touche pas aux demi-dieux, si on ne comprend pas, c'est qu'ils sont trop forts. Mwouais, moi, je ne comprends pas, et je tente d'oublier...
Oublier... mais comment faire quand ils remettent ça 8 mois plus tard (en juin 2001) avec Amnesiac ? Les deux albums ont été enregistré en même temps et si quelques titres surnagent, je crois bien Radiohead perdu à jamais.
Fin mai 2003, Hail to the thief est pour bientôt, les mp3 pirates surgissent, je n'y jette même pas une oreille. Et puis le superbe album promo arrive dans ma boîte aux lettres, une sorte de carte (de noms) très colorée qui se déplie, se replie et offre l'album sous le livret des paroles. Packaging somptueux pour un album ... somptueux. Radiohead, mon Radiohead, celui que j'aime, Radiohead refait surface, le groupe revient au poprock et (égoïstement ?) me ravit. A l'image des cartes de noms qui forment l'artwork de cet album, ceux qui cherchent des corrélations, des explications, des trésors cachés risquent d'en découvrir encore pendant longtemps dans ce Hail to the thief dont on risque de ne jamais pouvoir se détacher. Le rêve Radiohead reprend. Un peu avant Noël 2005, la maison de disque dépoussière la VHS The Astoria London live qui devient un DVD "historique"...