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The Quill / Chronique LP > Live, new, borrowed, blue

The Quill-Live, new, borrowed, blue Avec la sortie de leur album Earthrise en pleine pandémie mondiale, The Quill a dû reporter ses concerts (quelques-uns sont calés début 2023...). Ils en ont profité pour ranger leurs armoires, et dans le fond de certains tiroirs, ils ont retrouvé des chansons... Des titres mis de côté au moment de choisir ceux qui seraient sur Earthrise et d'autres qui sont sortis il y a près de 20 ans sur diverses compilations. À cela, le groupe ajoute un peu de live et voilà donc Live, new, borrowed, blue.

On peut commencer avec le "live" même si les titres enregistrés au Sweden Rock Festival de juin 2019 (où le groupe partageait l'affiche du vendredi avec Kiss, ZZ TOP, Burning Witches ou Dream Theater !) ne sont placés qu'au milieu et en fin d'album. On a le droit au plutôt lancinant "Keep it together" (issu de Born from fire) et à "Hole in my head" qui s'étire sur plus de 8 minutes, joué en fin de concert. C'est un de leurs plus vieux morceaux (paru sur Voodoo caravan), ils savent donc le transfigurer et faire monter la sauce pour un final déchirant. La qualité est pas mal mais les pistes ont moins de mordant que les trois "new", à savoir trois "chutes" de Earthrise. Un "Keep on moving" version longue avec une belle divagation en son cœur, une errance musicale qui a été coupée au montage pour que le titre garde toute son énergie dans sa version "classique". Assez planant et un poil longuet, "Children of the sun" n'avait pas été retenu malgré de beaux élans guitaristiques, ça aurait été dommage de le laisser dormir au fond d'un tiroir. Beaucoup plus expéditif et faisant honneur à des racines blues, "Burning tree" et sa voix filtrée n'avait pas trouvé leur place dans la track-list, un peu logique. Côté rareté, le combo escalade le "Mount Everest", un excellent morceau blindé de groove paru en 2000 sur une compil de rock suédois. Même s'il est sympa, les 3 autres plages, les "borrowed" (car "empruntées" à d'autres), valent davantage le détour. Dans l'ordre chronologique, on a une cover de Captain Beyond ("Frozen over") paru sur un tribute (comme les deux autres) en 1999, une reprise du "S.O.S. (Too bad)" d'Aerosmith (sorti en 2000) et leur interprétation du gros "Where eagles dare" d'Iron Maiden enregistré quant à lui en 2003. Dans les trois cas, c'est le son de The Quill avec quelques aménagements (la voix un peu plus heavy pour ressembler aux Anglais par exemple, un son plus grave pour ne pas trop s'éloigner du style de la bande de ‎Steven Tyler) et comme les morceaux sont bons, ça claque.

Pendant le confinement, on s'occupe comme on peut, The Quill a été assez bien inspiré de nous concocter cette petite compilation de morceaux oubliés et s'ils ont mis quelques lignes dans le livret pour expliquer d'où ils viennent, j'aurais aimé qu'ils s'étendent davantage à l'écrit et en photos sur chacun de ces titres, histoire d'en savoir un peu plus sur le groupe et ses aspirations.

Publié dans le Mag #50

The Quill / Chronique LP > Earthrise

The Quill - Earthrise Tu as aimé le travail de The Quill pour Born from fire ? Alors tu devrais aimer ce Earthrise car à part la pochette, il n'y pas grande différence ! Et si l'écart entre les deux albums peut sembler long (4 ans), c'est qu'il a fallu laisser du temps à Christian Carlsson de lâcher ses riffs dans son side project qu'est Cirkus Prütz, il y a mis tout son (hard) blues et c'est donc regonflé à bloc et amateur d'un son plus gras et gros qu'il est de retour. Comme pour le précédent opus (et quasi toute leur discographie qui compte déjà neuf albums !), The Quill joue sur les mélodies, les beaux solos, la voix tout en profondeur et luminosité de Magnus Ekwall et un tempo résolument rock. Le son désertique et sa chaleur font le reste, on est vite dans leur trip et qu'importe si les titres labyrinthiques s'étendent sur plus de 7 minutes ("Dwarf planet", "Evil omen" sont tous deux excellents), si leur zik est consommable immédiatement (ils ont un don pour accrocher n'importe quel quidam), elle n'est pas pour autant jetable, certes t'as deux ou trois morceaux qui font le job pour exister en "single" (comme "Hallucinate", "Keep on moving" ou "21 st century sky") mais pour le reste, il faut se laisser imprégner du tout, faut se plonger dans l'ambiance et laisser agir le riffing, les harmonies et les sonorités seventies pour en profiter un maximum. Pas la peine de fixer le timing, tu sais que l'album est terminé quand retentit l'épuré "Dead river" avec toute sa tristesse. La distorsion a disparu, tu peux reprendre une activité normale ou remonter dans leur fusée observer ce lever de Terre.

Publié dans le Mag #46

The Quill / Chronique LP > Voodoo caravan

the quill - voodoo caravan Le stoner incandescent étant toujours bien présent dans les bacs, Metalville, le nouveau label de The Quill a décidé de rééditer deux de ses vieux albums, en l'occurrence le deuxième Voodoo caravan qui date de 2002 et son petit frère Hooray ! It's a deathtrip (2003, lui aussi paru via Steamhammer). Deux opus qui étaient synonymes du sommet de la carrière du groupe alors que celui-ci s'était disloqué. Avec la reformation (et certainement des ventes au-delà des espérances) et quelques nouveaux très bons brûlots (au moins Born from fire), rééditer ce que les Suédois avaient fait de mieux n'est pas une mauvaise idée...

Voodoo caravan en lui-même vaut déjà son pesant de cacahuètes tant le combo joue alors sur tous les registres, du stoner le plus classique au rock le plus langoureux, alternant mélodies claires et parties plus vindicatives avec cette touche très Chris Cornell (celui des débuts de Soundgarden) que Magnus Arnar maîtrise à la perfection. Les onze titres de la galette proposaient donc déjà une large palette de sensations mais ce sont quatorze qui avaient été gravés sur les bandes du studio Berno de Malmö (studio où ils ont enregistré leurs précédentes productions et qui a vu passer The Haunted, Amon Amarth, In Flames, Satanic Surfers...), des trois chutes, deux ont eu le droit d'apparaître sur la version japonaise, la troisième "Spiral" était restée dans les cartons jusqu'à maintenant. C'est un morceau très lourd avec un gimmick accrocheur, pas le plus exceptionnel des morceaux mais du bon The Quill quand même grâce à un joli solo dans la partie instrumentale centrale. Des deux autres raretés, "Gather round the sun" est de loin le plus intéressant, ne pas le voir dans la tracklist d'origine suffit à comprendre le niveau de cet opus devenu un must have (et pas que pour la participation de Michael Amott de Spiritual Beggars/Arch Enemy sur "Shapes of afterlife" qui bénéficie aussi d'une ligne de basse très sympathique).

Publié dans le Mag #35

The Quill / Chronique LP > Hooray ! It's a deathtrip

the quill - Hooray! It's a deathtrip Bien qu'enregistré dans la foulée de Voodoo caravan, Hooray ! It's a deathtrip n'est pas tout à fait dans la même veine. Alors certes, ça reste du stoner bien punchy et catchy mais le groupe ayant décidé de changer de studio et de production, le son d'ensemble est plus "pur", plus direct, et si les chauds effets sont toujours présents, la saturation emplit moins les enceintes qu'auparavant. C'est donc à Halmstad au Slaughterhouse de Rickard Bengtsson (Spiritual Beggars, Arch Enemy, Shining...) que les chevelus posent leurs valises le temps de capter une dizaine de titres, à noter que le mixage sera confié à Daniel Bergstrand (In Flames, Shovel, AqME...). Outre le lieu et le personnel, c'est la façon de faire qui fait progresser le groupe qui n'enregistre plus "live" mais chaque instru séparément, au final, avec des compositions propres à leur style, le rendu est plus massif, a plus d'impact et sonne résolument moins "seventies". Perso, je préfère Voodoo caravan même si Hooray ! It's a deathtrip compte quelques très agréables moments comme "Handful of flies" et ses sonorités orientales (le sitar, ça donne du style !), la complainte "Control" ou le survolté "Spinnin around". Ici, seul "Been here once before" est offert en bonus sans trop d'info, il s'agit certainement d'une chute de studio.

Publié dans le Mag #35

The Quill / Chronique LP > Born from fire

the quill Si c'est une institution en Suède, The Quill est assez méconnu par chez nous, les amateurs de stoner feraient pourtant bien de se procurer ce huitième opus de la bande de Magnus Ekwall, le chanteur responsable de la création du groupe est d'ailleurs de retour avec ses potes après un break de 10 ans, certainement que Roger Nilsson (également passé à la basse chez Spiritual Beggars ou Arch Enemy) l'a convaincu de revêtir le bleu de chauffe pour nous abreuver de complaintes déchirantes qui s'acoquinent parfaitement avec les lacérations de la guitare. Avec une telle carrière, les gars n'ont plus rien à prouver et font simplement le stoner qui leur plaît, un rock lourd et bien envoyé, pas aussi fouillé que l'artwork et aux intentions assez pures et lisibles. Lesquelles ? "Electrical son" Born from fire, avec ces titres et paroles (piste 8), tu comprends, la chaude énergie du feu, la puissance de l'électricité, des riffs qui lézardent l'atmosphère, des rythmes plus précis que massifs et un chant caméléon qui se fond dans le décor, que celui-ci se fasse plus pop, plus psychédélique ou plus lourd. The Quill enquille les bons titres avec facilité et assure, sans surprise, à la suédoise.

Publié dans le Mag #30