QOTSA - Rated R (Deluxe Edition) Il y a des rééditions qui n'ont pour d'autres buts que de remplir un peu plus le compte en banque d'un label/major/groupe, d'autres qui permettent d'exhumer un album (ou plusieurs) tombé injustement (ou pas) dans l'oubli ; et celles qui permettent de donner une nouvelle version du matériau audio avec un son relifté. Et puis il y a une réédition des Queens of the Stone Age. En l'occurrence ici Rated R, album phare pour toute une génération d'inconditionnels du rock avec un grand... R. L'intérêt ? Le plaisir. Pur, simple et électrisant, celui de tenir entre ses mains une édition 2CD Deluxe très classe, insérée dans un digipack agrémenté d'un nouveau visuel et d'une petite dose de bonus bienvenus. (Quasiment) indispensable donc.

Surtout que l'intérêt premier de Rated R Deluxe est de permettre de reposer une oreille sur les onze titres de l'album et se rendre compte combien, même après plusieurs années, les QOTSA ont un peu accouché de l'un des dix albums rock ultimes de la dernière décennie. La raison : onze titres, onze torpilles soniques au feeling dément, au groove épidermique et au riffing incendiaire, entre stoner brut, rock bluesy, groove sensuel qui, de "Feel good hit of the summer" à "I think I lost my headache" en passant par "Monsters in the parasol" ou "Lightning song" font passer l'auditeur par tout les états. Du gros son sous psychotropes, des cargaisons de riffs qui s'empilent pour produire un cocktail hautement addictif de rock aux éclats métalliques et de stoner aux relents pop subversives, "The lost art of keeping a secret" ou "Tension head" en sont les meilleurs exemples, ce Rated R dans sa version originelle est un chef-d'oeuvre absolu. Imparable.

Un CD c'est bien, mais deux, c'est quand même mieux (oui, aujourd'hui on fait dans la formule toute faite), surtout quand il s'agit des Reines de l'Âge de pierre et là, Interscope a quand même gâté le client en livrant une pleine bordée de bonus, B-sides, raretés et autres poignées de titres live. Que ce soit avec "Ode to Clarissa" ou l'explosif "Born to Hula" (figurant à l'origine sur le split w/ Kyuss), le vénéneux "You're so vague" ou les covers de Romeo Void ("Never say never") et des Kinks ("Who'll be the next in line"), on en prend plein les membranes et on redemanderait presque, en attendant la prochaine livraison studio des QOTSA, quand bien même, les choses ne sont plus vraiment pareilles depuis Songs for the deaf et Lullabies to paralyze. Alors comme pour susciter un peu plus de nostalgie, le groupe nous sert sur un plateau une petite dizaine de titres captés à Reading en 2000. Et là, mention spéciale quand même au tube "Feel good hit of the summer", à l'intense "Regular John" et à la bombe "Millionaire". Comme l'ultime preuve de la classe incomparable d'un groupe pas comme les autres. Let's rock'n'roll baby...