Après plus deux décennies d'activités et une tripotée d'albums entrés dans la légende (ai-je besoin de les énumérer ?), Queens Of The Stone Age est rentré dans la sacro-sainte catégorie des groupes dont on aime à dire que "c'était mieux avant", ou bien "seuls les trois premiers disques valent le coup". Signe d'une longévité imposante et d'un statut de formation musicale plus que respectable (on a le droit de dire culte, non ?), le groupe/projet/lu(lla)bie de Josh Homme au line up désormais stabilisé depuis une dizaine d'années ne rend personne indifférent. Preuve en est l'excitation suscitée par chaque nouvelle sortie d'album, In times new roman... n'échappant pas à la règle.
Le contenu du disque sera-t-il aussi noir et sublime que son artwork ? Comme pour prendre le contrepied aux sonorités pop de son prédécesseur Villains, l'ouverture des hostilités se veut déstructurée, riche en sonorités inquiétantes et une montée en puissance ("Obscenery") annonçant LE tube aux accents punk ("Paper machete"). Le quintet américain a plus d'un tour dans son sac pour faire quitter l'auditeur de sa zone de confort. Je défie quiconque pourra m'avouer ne pas avoir été décontenancé par les renversantes vingt premières secondes de "Time & place". Le groupe s'en amuse et repousse une nouvelle fois les limites du sublime en empilant comme à l'accoutumée, des couches et des couches d'instruments et créant ainsi, comme par magie, une symbiose admirable entre sonorités dérangeantes et mélodies vocales envoutante.
Sans jamais renier ses grands principes (les rythmes lourds et lents sont de mise avec "Made to parade" ; les riffs psychédéliques de "Carnavoyeur"), Queens Of The Stone Age continue d'expérimenter et de bricoler des chansons toutes aussi passionnantes ("What the peephole say", "Emotion sickness") que perturbantes ("Sicily"). Et que dire de cette pièce de bravoure de plus de 9 minutes clôturant le disque ("Straight jacket fitting") ? Rien, à part qu'il faut aller l'écouter et se laisser happer en général par les fantômes planant au-dessus de ce disque. QOTSA est toujours en vie. Sa soif de surprendre est intacte, et Josh Homme, en crooner des temps modernes, est au sommet de son Art.
Publié dans le Mag #58