Avant de célébrer leur vingtième année d'existence, les Suisses de Puts Marie ont fait paraître un nouvel album en septembre dernier, trois ans après Masoch I-II, disque salué par la critique qui marquait le retour du quintet après une longue pause. Catching bad temper poursuit dans la veine de leur traditionnel rock protéiforme dont les saveurs se marient autant avec des phrasés hip-hop, du jazz ou bien des accords de blues. Ses sept morceaux sont le témoignage d'un groupe en pleine possession de ses moyens, la preuve d'une habileté incroyable à taper juste, à placer les émotions aux bons moments, en clair, on s'abandonne aisément à la félicité que procure chaque plage. Cette galette est garnie du flow dégoulinant et maniéré de Max, peut-être plus qu'à l'accoutumé pour éviter très certainement l'autoparodie, et d'un groove impudent, culotté parfois, qui fait mouche. Mais les Biennois savent aussi mettre de l'eau dans leur vin et immerger l'auditeur dans une mare de blues tristounet ("Indian girl") ou dans des atmosphères grouillantes de saturations ("Garibaldi"). Puts Marie n'est jamais là où l'on l'attend et reste, notamment de part la richesse de ses influences, une énigme au sein de cette scène rock européenne.
Publié dans le Mag #37