La vie est quand même pas trop mal faite. Quand, en octobre dernier, je suis allé voir un concert de Frank Turner & The Sleeping Souls, le groupe était notamment accompagné du quatuor canadien Pup, qui a ouvert sur la tournée européenne. Le concert était énergique, et passé les premiers morceaux de mise en bouche, j'en suis ressorti avec une bonne impression. Quelques mois ont passé et au détour des dernières sorties annoncées par mon diffuseur streaming, je lance sans rien en attendre Morbid stuff, troisième album des gars de Toronto. Plusieurs dizaines d'écoutes plus tard, je ne me suis toujours pas remis de la claque magistrale que j'ai prise dans la tronche !
Car assurément, et mon ami Oli peut d'ores et déjà en prendre note pour notre bilan de fin d'année, Morbid stuff est pour moi LE disque de l'année (ok, avec la dernière production des Wildhearts et le prochain Not Scientists que je n'ai pas encore écouté, mais c'est un autre débat dont je vous dispense bien volontiers). Car Morbid stuff est assurément tout ce que j'affectionne et dans la musique, cette musique qui me fait vibrer, chanter, danser et plus si affinités. Une musique entraînante, résolument rock aux relents punks saupoudrée de noise et de hardcore, juste ce qu'il faut pour faire pencher la balance et passer d'un disque réussi à un album indispensable d'une collection qui se respecte. Comment, en effet, ne pas succomber à la pop délicieuse de "Morbid stuff" ? Comment ne pas crier au génie une fois le mélodique et puissant, le somptueux "Kids" lancé à toute allure ? Et pourquoi résister au brûlot "Free at last", aux hypnotiques "See you at your funeral" et "City" et au chaotique et véritable rouleau compresseur "Full blown meltdown" ? Pup est à l'aise dans tous les styles, que ce soit le rock, la pop, le punk et le hardcore. Avec pour dénominateurs communs des voix atypiques (à la limite de l'agacement), des guitares scintillantes et un basse/batterie monstrueusement en place. Et aussi un style déjà bien à lui, tellement riche et abouti qu'il ferait passer les morceaux plus classiques (et d'une qualité certaine) en second plan ("Scorpions hills"). C'est dire !
La qualité de ce disque est déconcertante, tant le groupe fait preuve d'une maîtrise totale de la situation et propose des compos quasi parfaites (ils sont Canadiens et pas Anglais, ne l'oublions pas, et cette mauvaise blague est bien la preuve que je ne trouve à ce disque aucun défaut). À noter que les textes ne sont pas des plus réjouissants, le frontman Stefan Babcock combattant encore les démons de la dépression, ce qui contraste avec l'entrain et l'énergie positive de l'orchestration.
Ne connaissant pas les deux premiers albums, il m'est donc difficile de mesurer l'évolution du groupe, mais ce qui est certain, c'est que je ne suis pas près de lâcher ce disque qui a de beaux jours devant lui dans mon top cinquante de tous les disques du monde. C'est peu dire !
Publié dans le Mag #38