The Psychotic Monks 2023 Bonjour Paul, tout d'abord bravo pour votre excellent dernier album. Comment vous portez-vous actuellement ?
Bonjour à toi, merci pour ton retour, ça fait plaisir, ravi de lire que tu aies aimé le disque !
Ici tout va bien, on a repris la tournée depuis mars et je dois dire qu'on est en joie de retrouver des gens avec lesquels interpréter les morceaux en live...

Dans quel état d'esprit avez-vous abordé l'écriture de ce nouvel album ? C'était la page blanche ou il y avait des idées anciennes à peaufiner ou retravailler ensemble ?
On l'a abordé sans trop anticiper, tous les morceaux sont issus de jams qu'on a fait entre nous pendant la pandémie. L'idée, c'était juste de faire de la musique sans prévoir un album/EP ou quoi que ce soit. Plutôt page blanche donc ! Au fur et à mesure, on a gagné la motivation de ressortir un disque, aussi pour viser une reprise de la tournée. À partir de ce moment-là, on a réécouté toutes nos jams et on a distingué des morceaux qu'on a beaucoup peaufiné et qui ont pris la forme de celles du live en ce moment.

Pink colour surgery est-il le fruit d'une conceptualisation ?
Oui, je pense qu'il y a souvent des concepts dans la création, et lorsqu'il faut faire la promotion d'un objet artistique, je trouve que ça aide pour y trouver un sens.

Votre titre d'album m'interpelle. Quelle signification avez-vous voulu donner en associant la chirurgie et la couleur rose ? Est-ce que cela a rapport à la nudité ou plus généralement au corps et à son changement ?
La nudité, peut-être pas intentionnellement, ou bien en pensant à l'expression "se mettre à nu" mais questionner les rapports qu'on a avec nos corps, à accepter les changements qui peuvent s'y opérer, à la place des médecines institutionnalisées dans nos vies... on aime aussi rester dans une forme d'abstraction en associant des concepts, ouvrir des portes pour laisser son interprétation. Comme si on voulait proposer des ingrédients et chacun sa recette. Jusqu'ici on avait sorti des albums avec des covers/titres plutôt sombre esthétiquement, on a voulu tourner une page et assumer de la couleur.

J'ai l'impression que votre groupe mute à chaque album, autant au niveau de l'univers visuel que sonore, comme s'il s'agissait d'un autre groupe ? Est-ce quelque chose de volontaire/imposé ou juste le fruit d'un procédé simplement naturel ?
Oui, le groupe se mute à chaque album (rires), pour moi c'est un procédé naturel qui est lié à notre démarche de collectivité. On se nourrit, on s'inspire beaucoup entre nous quatre et on aime se laisser la liberté de changer, d'évoluer. J'aime aussi penser que je me reconnais dans les parcours d'artistes qui ont été en recherche toute leur vie. On retrouve à travers leurs pratiques artistiques ces mouvements, affinités esthétiques éphémères ou fondamentales.

Il y a un vrai travail de recherches de sonorités dans ce nouvel album. Avez-vous une méthodologie particulière quand vous composez ? Où vous aimez vous perdre, créer sans fil d'Ariane ?
Pas de méthodologie particulière, tous les morceaux sont différents, parfois rien qu'au niveaux des instruments qu'on y trouve, certains vont être plus punk avec une basse guitare, d'autre full synthés ou bien même avec une séquence au tempo pour chercher cette sensation robotique. On aime se perdre oui (rires), c'est là qu'on trouve de bonnes surprises.

Est-ce qu'il y a des éléments, ou des genres musicaux, que vous vous refusez d'intégrer dans votre univers ? Je sais que par exemple, vous aimez le hip-hop. C'est possible un jour d'inviter un rappeur sur un titre ?
Bien sûr ! Inviter une personne pour rapper sur un titre, sur une collab, ça fait partie des choses qui manquent un peu aux décors de ce groupe ! Je pense que c'est important d'avoir des contraintes mais pas essentiel de se refuser des genres/éléments musicaux.
Chacun, chacune ses affinités, parfois certaines rythmiques, certains sons résonnent d'avantage que d'autres. C'est là que la collectivité est chouette, ça pousse à intégrer des éléments vers lesquelles on ne serait pas dirigés.

Est-ce que le public joue un rôle particulier dans vos spectacles ou vous en faites abstraction ? Je te pose cette question car il y a des groupes qui sont tellement absorbés par leur musique et leurs instruments, la communion entre chaque membre, que leur concentration font qu'ils se ferment et oublient un peu le public sauf à la fin des morceaux.
C'est intéressant, on est très absorbés sur scène, mais les énergies qui circulent sont au final dirigées vers les gens qui nous écoutent/regardent. Je pense qu'on n'oublie pas le public, on décide de l'attention qu'on va lui donner, ça donne du relief dans un spectacle. Parfois, ça peut arriver de se fermer, d'être plus en difficulté ou bien d'être survolté. La recherche d'une forme de transe en communauté c'est ça qu'on vise.

Souvent, vous mettez l'accent sur le fait que les Psychotic Monks ne seraient rien sans l'alchimie de vous quatre. Est-ce que vous pensez que le groupe survivrait avec un cinquième membre ?
Oui, bien sûr le groupe survivrait, ça changerait probablement toute la dynamique ! Donc aussi toute la musique, enfin, ça serait un autre groupe du coup !

Êtes-vous plutôt perfectionnistes ou, au contraire, des personnes aimant garder des défauts sur les enregistrements pour justement rendre leurs œuvres plus "humaines" ?
Plutôt perfectionnistes...

Est-ce que tu penses que votre groupe serait perçu différemment s'il avait été actif dans les années 1990 ou 2000 ?
Aucune idée, j'imagine que oui, mais ça implique tellement de changements que c'est dur à concevoir (rires), rien qu'en terme d'influences, je serais bien curieux d'entendre à quoi ça pourrait ressembler !

Un petit portrait chinois pour terminer, ça te tente ?
Si The Psychotic Monks était :
- un autre groupe de musique ou un artiste ?

Wendy Carlos

- un film ?
Chicken Run

- un livre ?
"Notre besoin de consolation est impossible à rassasier" de Stig Dagerman

- une personnalité célèbre ?
Keanu Reeves !

The Psychotic Monks 2023 - un plat ?
Lasagnes VG

- un animal ?
Golden retriever

- un son ?
Un battement de cœur

- une couleur
"la couleur tombée du ciel"