The Psychotic Monks - Private meaning first Après les très belles louanges faites il y a deux ans aux Psychotic Monks par notre collègue Élie lors de la sortie de leur premier LP, Silence slowly and madly shines, difficile de jouer au jeu de la surenchère vis-à-vis de la chronique de leur deuxième album, tant il est au moins aussi abouti et bon que son prédécesseur. Il avait d'ailleurs bien raison à l'époque d'avertir nos lecteurs que nous allions surveiller ça de très près, sinon nous aurions vraiment loupé quelque chose. Toujours est-il que ce groupe parisien est tout juste époustouflant quand on regarde le bilan de ses quatre années d'existence. Cette suite, nommée Private meaning first, débarque donc à la fin mars mais c'est réellement cet été, en ayant vu le groupe en spectacle, qu'on a pris la réelle mesure de ce, disons-le sans honte, chef d'œuvre. Divisé en deux chapitres clos par un épique épilogue de quinze minutes, ce disque est caractérisé par une densité assez étouffante. Ce qui n'est pas pour nous rebuter, bien au contraire.

Maîtres d'ambiances ambivalentes, toujours en servant le propos à la manière d'un opéra, The Psychotic Monks débute son acte par une atmosphère apathique, sombre et lourde qui progressivement s'oriente vers un "isolation", proche d'ailleurs du travail de Disappears, avec des guitares à la fois tranchantes et massives. La formation commence alors à montrer progressivement ses penchants pour le rock bruitiste et le riffing stoner qu'on retrouve sur l'excellent "A coherent appearence". Le substrat musical sert réellement la narration, comme sur ce "Minor division" où les paroles sont bien mises en valeur avant que le tout ne soit embarqué dans un marasme sonore complètement sursaturée, comme s'il n'y avait plus rien à dire. Le premier chapitre s'éteint brutalement.

Le chapitre deux s'ouvre avec "Emotional disease", titre d'une clarté étonnante (par rapport à ce qu'on s'est bouffé avant), et d'un psychédélisme 70's tortueux. Les mélodies sont belles et le tout prend une ampleur vaporeuse assez jouissive. À côté, "Confusions" et "Closure" sont beaucoup plus urgentes et intenables. Le quartette est encore à l'apogée de son expérimentation, entre méthodes itératives et cassures rythmiques. Le troublant "A self claimed regress" nous rappelle combien les Swans (mais pas que) ont dû inspirer nos jeunes moines psychotiques. Le dernier quart d'heure de l'album est réservé à ce fameux épilogue dont on parlait plus haut, un poignant morceau chanté par une âme écorchée et lourde, comme si tout était difficile à sortir, sans réussir à faire trembler ces nappes qui, derrière, habillent le tout. La tension monte progressivement, l'âme s'envole. Ce disque gorgé d'une belle noirceur est terminé et les esprits sont difficiles à retrouver à cet instant précis. C'est comme si The Psychotic Monks avait sorti son The dark side of the moon. Une belle démonstration.