Propagandhi - Failed states Actifs depuis près de vingt-six années, les canadiens de Propagandhi, longtemps piliers de l'écurie punk Fat Wreck Chords (Against Me!, Strike Anywhere, Rise Against, Strung Out, Teenage Bottlerocket...) reviennent sous les feux de la rampe trois ans après leur dernier album (resté un peu confidentiel), avec un sixième opus pour lequel ils sont entre-temps passés sous la bannière d'Epitaph, le label fondé par Brett Gurewitz, le guitariste de Bad Religion, qui varie depuis quelques années les plaisirs, des plus hardcore et métalliques (Converge, Every Time I Die, Parkway Drive, The Ghost Inside), aux plus power-pop, rock et non-violents (Hot Water Music, Motion City Soundtrack, Weezer...).

L'expérience aidant, l'écriture a changé (l'époque aussi), et les natifs de Winnipeg savent mieux que jamais distiller leur énergie de manière à obtenir l'album qu'ils recherchent, à savoir un cocktail assez incendiaire d'ex-street punk métallisé et de power-rock mélodique gorgée de fougue assez juvénile, preuve qu'ils n'ont rien perdu (ou si peu) de la sève punk qui coulait dans leurs veines au début de leur histoire commune. Les puristes diront que tout cela a bien (trop) changé, mais en même temps, faire et refaire six fois le même album, quel intérêt ? Surtout quand on sait balancer des titres du calibre de l'excellent "Note to self" ou du survolté "Devil's creek" en passant par le très (très) énervé "Rattan cane" (en live, ça doit gentiment dégoupiller dans les premiers rangs). On se surprend parfois à voir les Propagandhi œuvrer sur un registre aussi viril, pour mieux replonger quelques instants plus tard dans leurs jeunes années avec du pur punk-rock des familles lestés par quelques bordées de heavy metal qui tronçonne ("Hadron collision", "Cognitive suicide", "Dark matters").

Punk (rock) dans l'âme, Propagandhi ne change pas réellement dans les intentions, expédiant les torpilles ("Status update", "Things I like") pour mieux museler la concurrence comme la critique dès lors qu'il s'agit pour eux de varier un peu les plaisirs sonores, avec au choix un "Unscripted moment" excellemment bien troussé. Et tant pis ça ne plait pas ou plus au pseudo-vrais (Die-Hard)core Punk de la préhistoire, ceux-là même qui suçaient encore leur pouce quand les Propagandhi envoient déjà la sauce. En attendant, "Lotus gait" expédie bruyamment son quota de décibels syndical sans ciller et les gaziers finissent le travail sur l'excellent climax de ce Failed states ("Duplicate Keys Icaro (An Interim Report) "), en s'offrant un dernier tour de piste plutôt bien ficelé. Une belle conclusion pour un album presque meilleur qu'attendu. Parce que non, ces mecs-là ne sont pas (encore) trop vieux pour ces conneries.