Si tu ne connais pas Propagandhi, la simple énonciation des 2 labels qui les ont accompagnés depuis leurs débuts en 1986, vont te permettre de lever toute interrogation. Signés à leurs débuts sur Fat Wreck Chords et désormais Epitaph pour le sixième et ce septième album Victory lap, tout porte à croire qu'ils sévissent dans le punk rock. Eh bien en fait, c'est plus complexe que ça. Si à leurs débuts, ils étaient dans la lignée des groupes comme Pennywise, Millecollin ou autres The Offspring, à envoyer 15 titres de 2 minutes 30 à 150 BPM, ils ont amorcé un virage vers un registre plus complexe, mêlant punk-rock et métal voire hardcore mélodique, depuis le LP Failed states (confère la chronique sur le W-Fenec), sorti en 2012. Et pour cette nouvelle galette, ils continuent de proposer ce crossover sympathique et assez novateur (pour un groupe estampillé Epitaph). Côté line-up, on peut noter qu'être fan du groupe peut rapporter gros, car la nouvelle guitariste, Sulynn Hago, a été auditionnée parmi plus de 400 candidatures et embauchée pour remplacer David Guillas, parti poursuivre sa carrière d'enseignant. Elle rejoint donc le batteur Jord Samolesky, le chanteur Chris Hannah et le bassiste Todd Kowalski.
Pour ce septième LP, avec des montagnes russes en guise d'artwork on n'est pas loin d'avoir un résumé des sensations procurées par ce tour (de manège) victorieux. On enchaîne des bonnes descentes punk-rock old school à s'en décoiffer la crête comme "Failed imagineer" ou "Letter to a young anus" ; puis on se prend en alternance riffs métal et power rock sur "When all your fear collide" ; on passe sur des instants de répit (pas de repos) sur "Adventures in Zoochosis" ou "Nigredo" et même des passages quasi pop rock sur "Lower order (a good laugh)". Mais contrairement à l'illustration de l'album, on ne prend jamais l'eau. Pas de débordement guimauve, de love song ou de ballades miaulantes qui collent aux oreilles. Propagandhi sait sortir de son pré carré sans partir en vrille dans des digressions hasardeuses. Côté lyrics, Propagandhi est un groupe de punk-rock, donc pas d'amour, de ruptures sentimentales déprimantes ou de problèmes relationnels juvéniles. Le discours est politisé : féministes, antispécistes, antifascistes, végan, anticapitalistes. Il y a même une track anti-Trump avec les meilleurs discours de Donald ("Grab by the pussy", "We have to build the wall"). En bref, Propagandhi a un message à faire passer.
Pour ceux qui cherchent du punk-rock 2.0, Propagandhi peut donc se charger de la mise à jour de votre application auditive.
Publié dans le Mag #32