Et de quatre pour Prohom qui vient de livrer Un monde pour soi, un nouvel album qui marque à la fois son retour et une évolution musicale, avant de le retrouver sur scène cet automne, il répond à nos questions sur l'écriture de ce nouveau disque, son joli clip et son avenir proche.
Une jolie fille à poil dans un clip, ça marche toujours ?
Rhooooooooooo...
Un peu plus de 17.000 mateurs mais ça ramène des acheteurs ?
Rhooooooooooo (re). Je ne crois pas qu'il y ait un réel rapport entre vues sur le net et ventes de disque (ou de titres en ligne).
Je crois même qu'on a vu dans le passé des succès incroyable sur la toile, suivis de fours monumentaux en terme de ventes en ligne... Kamini est un cas d'école ! Alors non, je ne crois pas que ça ramène des acheteurs...
Le clip est tout de même très joli, ça coûte cher de faire un beau "film"?
Dans ce cas précis, non, car j'ai donné une partie de mes éditions sur cette chanson au producteur du clip. Il s'agit donc plus d'un pari pour eux. J'ai financé les frais, les locs, payé la comédienne et la maquilleuse, mais pour le reste, c'est Bertrand Guerry et Thibault Ras de Mitiki qui ont parié sur le succès de cet album. Au-delà de mon cas précis, un clip coûte moins cher qu'avant et les tarifs dont j'ai entendu parlé tournent aux environs de 4 000 € pour un très beau résultat.
L'album est plus électro que les précédents, ça change quoi dans la façon de composer ?
Je n'ai pas changé ma façon de composer. Je travaille toujours avec des machines, une guitare et un piano. Il y a toujours une grande différence entre la compo de départ et sa prod à l'arrivée. Mais globalement je n'ai pas changé de méthode. Il y a juste que sur cet album en particulier, j'avais envie de prendre le temps de le produire tranquille à la maison. Donc comme je suis un très mauvais instrumentiste, j'ai privilégié les séquences et les programmations. Le fait aussi que cet album suive ma collaboration avec Christian Fradin pour mon précédent duo a fait que tout a été plus orienté vers les claviers.
J'y retrouve aussi beaucoup moins de notes d'humour, c'était une volonté ou c'est juste "comme ça" ?
Il y a un peu de recul sur "demande-moi !" quand même (rires). C'est juste comme ça ! Ce qui est drôle c'est que cette remarque est venue souvent à propos de cet album alors que je n'avais jamais réalisé que l'humour était présent dans les autres. Dans Peu importe par exemple, il n'y a aucun titre "rigolo". C'est vrai que Allers retours était plus léger, mais vu que tout le monde est passé à travers cet album, jamais j'aurais deviné qu'on note qu'il y avait de l'humour dans l'ensemble de mes productions. J'ai été très étonné de voir cette remarque revenir ! Néanmoins je reconnais volontiers que Un monde pour soi est un album chargé et qu'il est loin d'être léger ; comme tu dis c'est juste "comme ça", c'est le reflet de mes expériences de ces dernières années. Mais tu verras que sur scène, la bonne humeur et la lumière sont toujours au centre !
Le ton général est nettement moins enjoué, tu arrives à faire l'amalgame en live avec des titres plus souriants ?
Oui, justement je crois que ça a toujours été très présent dans mes concerts. C'est une vraie volonté de ma part : traverser les émotions contradictoires. Ceux qui me connaissent sur scène savent qu'ils peuvent passer du fou rire aux larmes en 2 minutes. C'est ce que me raconte le public à la fin des concerts et je crois que tout le monde adore ça, moi y compris !
Tes textes sont toujours très personnels, ça ne te dérange pas de t'exposer ainsi ?
C'est ma façon d'être. J'ai commencé l'écriture par de l'exutoire et je crois que je ne sais pas forcément faire autre chose que de m'appuyer sur mon vécu personnel pour déclencher l'envie d'écrire. Et quand j'ai écrit pour les autres, ça a toujours été après de longues discussions qui m'ont permis de me mettre à la place de l'autre. J'adore inventer des histoires pour les enfants mais je crois que je ne sais pas le faire en chanson. Il y a plein d'artistes qui le font très bien et qui racontent des choses plus générales que ce que je mets dans mes albums et c'est très bien ainsi, chacun sa place. Mais j'essaye toujours d'aller au bout de sentiments personnels qui me semblent être universels. J'ai un paquet de chansons plus personnelles encore que je n'ai jamais sorties. Quand je sens que ça ne concerne que moi je ne vais pas au bout. Mais il me semble vraiment que les sentiments exprimés dans cet album pourraient concerner tout le monde, même les plus durs.
Sur "Un monde pour soi", je trouve des ressemblances avec les sonorités de "Welcome to the machine" de Pink Floyd, c'est fortuit ou recherché ?
Ah ben tiens il faudra que je ré-écoute ! C'est absolument fortuit et tu m'intrigues !
Ta page Facebook est très active, tu pourrais t'en passer ?
Beaucoup de choses se communiquent par là donc c'est important d'être présent pour informer les gens. L'album sortira en physique le 26 août mais jusque là les gens ont pu l'avoir grâce à facebook donc c'est important. Maintenant si demain ça n'existe plus je passerai par un autre moyen. On s'adapte toujours à ce que l'on nous propose ou pas finalement. Facebook est un bon outil, je m'en sers, voilà tout.
On a souvent le droit à des photos de "La fille du train", il y aurait de quoi écrire la suite de ses aventures, non ?
Ah ah ! c'est une façon de prolonger l'histoire et je t'avoue que je me suis rendu compte qu'énormément de gens suivaient cette aventure. Quand un jour j'ai annoncé que mon compte facebook arrivait à saturation et que j'allais virer des "amis", j'ai reçu un nombre incalculable de messages privés me disant "Non non ! ne me vire pas je veux continuer à voir la fille du train !" je ne m'y attendais pas du tout. Bon, de là à écrire la suite je ne crois pas. Tu sais quand j'ai sorti cette chanson, plein de gens m'ont dit "t'as pas le droit d'écrire un truc pareil"... Alors que pour moi c'était juste une petite anecdote dans le train, justement une façon de raconter autre chose que mes sentiments personnels et ça m'a été beaucoup reproché, comme quoi je me trahissais, que je ne devais pas raconter de trucs légers... bref... les étiquettes...
Il y a 10 ans (déjà), lors de notre rencontre à Lille, tu parlais de peut-être écrire un livre, une sorte d'essai avec des idées mais tu pensais ne pas avoir assez de maturité, et aujourd'hui ? Alors que le monde va encore plus mal, tenir un blog ou une chronique dans un journal, ça te brancherait ?
C'est drôle car c'est une idée qui vient de ressortir récemment. J'ai plein de trucs notés partout. Mon entourage proche m'a vivement conseillé de les compiler et de les faire lire... mais je ne sais pas si j'ai envie de le faire sous forme de blog... Je pensais plus à les réunir sur un format papier... Je ne sais pas encore ; mais c'est une idée qui germe et fait son chemin. Et effectivement, je sais que je ne suis plus du tout le même qu'il y a 10 ans, que j'ai plus de matière pour m'exprimer légitimement. Donc j'y pense toujours oui, encore plus précisément qu'il y a 10 ans !
Il y a très peu de concerts de prévus, pourtant c'est souvent ce qui permet à un artiste de survivre, tu fais comment pour être artiste en jouant peu ces dernières années ?
Ca arrive ! les premières dates sont prévues pour octobre novembre. Je voulais juste prendre le temps de bien le faire. Et puis c'est très difficile de tourner en équilibrant économiquement. J'ai envie de payer mon équipe et je n'ai pas envie de piller les subventions comme trop d'artistes le font. Donc économiquement c'est compliqué. Mais on y travaille assidument et je pense que ça sera effectivement plus rare mais donc d'autant plus précieux ! Pour le reste je vis beaucoup avec mes interventions scéniques, ça me permet de réunir ce qu'il me faut pour subvenir à mes besoins. Mais j'ai la chance de n'être jamais rentré dans une dynamique de consommation, je consomme ce dont j'ai besoin... et au-delà des années Polydor ou j'ai pu gagner pas mal d'argent ... j'ai tout claqué bien sûr..., je vis avec la même somme par mois depuis 20 ans. Donc finalement il m'en faut peu, c'est une chance !
En 2023, on fera notre troisième interview, si je te dis "plan de carrière", tu rigoles ? Plus sérieusement, j'ai l'impression que tu es plutôt épicurien et que demain t'intéresse assez peu, je me trompe ?
Oui tu te trompes ! Je regarde demain en ayant toujours le désir d'améliorer mon bonheur. C'est un vrai boulot : être heureux, seul et avec les autres. Heureusement que ma carrière n'est qu'un petit élément de mon bonheur. J'ai déjà tout ! Je vis de mon activité artistique et je n'ai pas envie de jouer des coudes ou rayer le parquet pour avoir plus. Si ça arrive, ça arrive, mais je sais très bien que le bonheur n'est pas là... Quelle découverte ! Quand je regarde autour de moi et que je vois des artistes en panique parce qu'ils n'ont pas tel ou tel retour média je trouve cela attristant ; et quand j'entends que le bonheur tient à ce que tu possèdes je trouve ça déprimant. Cette voie est fausse, j'en suis intimement convaincu mais il faut savoir résister à la pression sociale qui te pousse à le croire, il suffit d'allumer sa télé deux minutes pour que ça te saute à la gueule, c'est affligeant. Moi je préfère compter le nombre de fous rires par jour que le nombre de zéros sur mon compte en banque, donc autant te dire que s'il y avait eu un jour la notion de plan de carrière dans mon existence, j'aurais vraiment foiré mon coup !
T'as prévu quoi pour cet été ? Des Vacances ?
Pour juillet la suite d'une résidence avec Sam Verlen, le suivi des groupes du chantier pendant les Francofolies de La Rochelle, des répétitions et enfin des vacances en août. Oui !!
Merci
De rien !
Merci à Julien (MathPromo) et Philippe Prohom.