Prohom - Un monde pour soi A part un EP en 2010 (La vie sans), Prohom nous fait languir depuis 2007 et ses Allers retours avec "La fille du train", il se pose à nouveau le temps de permettre la découverte d'Un monde pour soi, un nouvel opus marqué par l'utilisation amplifiée d'électronique, Philippe peut désormais plus aisément être qualifié d'artiste électro-pop que pop.

"Plus électro / Moins rigolo" pourrait être une bonne punchline pour cet album où le sens de l'humour et du jeu de mot de l'auteur a quasiment disparu, on a bien quelques réminiscences ("Mon âme or") mais la tonalité qui prédomine est plutôt l'amertume. Et pas celle d'une bonne bière qui permet de s'en délecter alors qu'elle est déjà au fond du gosier, non, c'est une amertume qui respire la trahison, la déception et un peu de cynisme désabusé pour relever l'ensemble ("Madame canaille", "Je voudrais que tu sois morte", "A quoi me fier"...). Exit donc les textes enjoués, la bonne humeur et la déconne autour de sujets plus ou moins innocents, Prohom, l'homme, a du subir quelques déconvenues ces dernières années pour les exorciser sur le papier puis les chanter (ou comment mieux remuer le couteau dans la plaie ?). Même s'il n'y a plus l'humour pour nous alléger, "Comment lutter" ? s'interroge l'auteur dés l'entâme, la réponse est apportée par la dynamique et donc le rythme qui restent importants, très travaillés, ils permettent des petits rebonds évitant la plongée dans la sinistrose. Des touches électro, le chant, l'apport de différents instruments donnent du peps et de l'allant aux moments où l'on pourrait se laisser submerger par les textes qui auraient plutôt tendance à tendre l'ambiance.
Incisifs et introspectifs, le Prohom 2013 n'en est pas pour autant enfermer sur lui-même puisqu'il ouvre ses bandes à la chanteuse Carmen Maria Vega qui apporte son joli brin de voix à "Au coin des rues", les paroles sont poétiques, parfois parlées, elles respirent la nostalgie (comme celles d'Arman Mélies) sur une musique très pop. Le bonhomme s'énerve bien plus (avec sa guitare) sur "A quoi me fier" et s'excite complètement sur le final "Un monde pour soi" (avec un sample parlé et des sonorités intrigantes à la "Welcome to the machine").

Un monde pour soi, c'est un album pour Prohom, pour lui, pour lui permettre de passer à autre chose, une sorte de psychothérapie étalée au grand jour. Une analyse de situations et de sentiments personnels qu'il partage avec l'auditeur qui doit être averti qu'il a ici à faire avec un Prohom différent des albums précédents.