Bientôt 20 ans qu'on suit la carrière de Prohom, une carrière mise entre parenthèses depuis 2013 et Un monde pour soi, mais si Philippe s'est mis dans l'ombre au service des autres, il n'a jamais cessé d'écrire et a conservé ses meilleures idées pour revenir briller dans nos oreilles. Sa guitare étant quasi devenue un accessoire, c'est surtout avec ses machines, ses mots et ses mélodies que Prohom nous renverse. A la douceur de sa voix, il oppose des mesures particulièrement marquées ("Cardiovasculaire", "Facile", "Regarde"...), une rythmique parfois lourde qui crée un cadre assez rigide même si la cadence imposée laisse de la liberté aux textes et accentue le contraste avec la clarté des timbres (Loïs et Mélodie prennent le micro sur deux titres pour leur donner davantage de légèreté). Si l'omniprésence de l'électro ne me dérange pas spécialement, je regrette juste quelques "fins" de morceaux comme ce fading à la fin de "Facile" qui l'est un peu trop. C'est dommage car quelques pistes sont très travaillées avec un bon assemblage de sonorités et des enchaînements soignés ("C'est beau", "Aujourd'hui", "Regarde"). S'il a définitivement rangé au placard ses traits d'humour (sauf sur le clip de "Tu peux même danser"), Prohom a conservé son envie de danser ou de faire remuer son public, que ce soit avec "Cardiovasculaire" ou "Tu peux même danser", les beats (et le phrasé) apportent beaucoup d'énergie mais également de la variété dans un album assez tranquille au final (le slam "Brille pour toi", le délicat "Aujourd'hui", le "Regarde" un peu dub). Et se remuer, il le faudra si on veut que les choses changent même si pour ce qui concerne notre planète, il semblerait qu'il soit déjà trop tard, on est presque déjà rendus ("Dessus" mais aussi "Aujourd'hui" honorent mère Nature).
Des rythmes électro dansants, des idées, de la poésie, de la chaleur, des invitations à changer, de la douceur, on trouve de tout dans Brille et même quelques titres qui pourraient devenir des tubes comme "Cardiovasculaire", mon petit préféré. Ecoutons sans ne rien faire. Ecoutons.
Publié dans le Mag #47