Practical Weapon Alors celui-là, si on devait énumérer de manière exhaustive toutes les personnes ayant de prêt ou de loin contribué à sa genèse, on ne serait pas sorti du sable. Pour faire court, la liste est plus longue que le titre, déjà bien velu et donc on va se contenter d'évoquer les groupes auxquels ont précédemment participé les membres de Practical Weapon. Car là déjà, ça calme. Jugez plutôt : Cellscape, Colorblind, Goodbye Diana, Knut, Morgue, Mudweiser, One More Season, Spinning Heads, Superstatic Revolution, Tantrum... On l'aura compris, il y a du lourd dans les rangs et vue les difficultés inhérentes à la conduite d'un tel projet, ne serait-ce qu'en termes de logistique, quelques lignes directrices ont permis de donner une certaine orientation à PW. Au programme : des dogmes de base comme boucler le projet en une seule année et ne pas faire de concert (forcément à 20, c'est de suite délicat...), ou plus ambitieux avec l'utilisation d'un seul texte découpé en plusieurs petits segments, voire même bien barrés : "Essayer au moins sur un morceau de ne pas jouer de nos instruments respectifs ". Une sorte de Dogme95 en mode "rock qui défouraille et metal super-noïsique avec plein d'autres trucs dedans", à une exception près, le dernier titre "Year" qui envoûte l'auditeur avec son fluide électro-rock synthétique et charnel.
Musicalement parlant, To date we do not have music sufficiently powerful to act as a practical weapon est un album hétéroclite d'obédience rock/metal/noise, un disque frontal qui nous arrive en plein visage comme sur le très solide "Cylinder" et ses riffs qui besognent les amplis comme personne, ou plus aéré sur "Vista" et ses arrangements comme qui viennent fractionner la courbe espace/temps. Du gros son qui ébrèche les tympans et font grésiller les enceintes, le tout insidieusement nappé de screamo éruptif ("Pull"), noisecore pour les inconditionnels d'étiquettage musical (un "Turn" littéralement bipolaire). Riffing pachydermique, basse acérée comme une lame de rasoir, des titres heavy évoluant entre math-rock sulfurique et hardcore inventif ("Cog", "Out"), Practical Weapon vient tremper ses instruments dans le même alliage musical qu'un Battle of Mice ou qu'un Pelican. Pas la moindre erreur de parcours ou demi-faute de goût, l'album délivre son venin métallique à la manière de Keelhaul et avec un savoir-faire qui ne se dément jamais. Et quand en plus, on a droit à un sax qui vient donner une tonalité free-jazz metal à l'ensemble ("Slate"), on se dit que les (nombreux) membres de PW sont également parvenus à composer des morceaux réellement innovants... mais également plus "classiques" comme "Fist" ou "Exist" sur lesquels, Practical Weapon explore les voix d'un ambient métallique aux lames hardcore particulièrement aiguisées. A l'image d'un disque et d'un projet unique, où la somme, sinon la multiplication des talents a su produire une alchimie are, en l'état, ce To date we do not have music... est une réussite incontestable.