Le rock a ses genres, ses familles et c'est la première fois que j'approche d'aussi près celle du psyché et son univers. On en a tellement raconté sur ce mouvement, du labo de LSD planqué dans la cave au chanteur qui disjoncte à tout jamais, que je suis dans l'inattendu en me rendant au studio. Rencontre autour d'une bière avec les mecs de Porto Geese qui aiment envoyer leur musique, le volume de l'ampli à 11.
Pouvez-vous brièvement vous présenter ?
Joar : Wuwuwuwuwuw (il émet un son comme une guitare branchée sur une pédale Wha-Wha) Nous sommes Porto Geese... (silence)... et nous jouons de la musique... (silence)... avec de la guitare, des effets, des voix et beaucoup de foi.
Bendik : Oui, c'est vrai ! C'est vrai !
La scène psychédélique est-elle importante en Norvège ? Il y a des festivals psyché en Norvège ?
Bendik : Je ne pourrais pas nommer tous les groupes. Il y a un festival psychédélique à Oslo, comme il y en a un à Copenhague ou Liverpool.
Mathias : On ne peut pas dire que la scène psychédélique soit importante en Norvège. Ici tout est petit.
Une de vos chansons s'appelle "A whale on a horse" (le groupe rigole), c'est pas un peu lourd pour un cheval ? Pouvez-vous nous expliquer cette chanson ?
Joar : Je peux l'expliquer en effet, souvent quand nous n'avons pas de paroles pour un morceau, nous chantons juste des mélodies comme des whouah wouah wouah, ensuite nous écrivons des paroles avec du sens. Parfois nous mettons des mots (il chante) "it's like a whale on a horse na na na na..." et ça devient des paroles.
Bendik : Tu as déjà été à une course de chevaux ? Les vibrations du galop des chevaux font un son sur le sol et c'est comme si tu avais donné beaucoup de drogue aux chevaux et que tu mettais une baleine sur un cheval et qu'il était hors de contrôle. Mais quand on l'a fait, on trouvait que les paroles sonnaient bien. Cela avait du sens avec la composition. (rires)
Joar : Pour moi ça sonnait cool et cette image dans ma tête était drôle et c'est trop... Yeah !!!
J'ai vu que l'album était sorti physiquement. Sur quel label ? Pouvez-vous nous le présenter ?
Bendik : Il s'agit de Sheep Chase Records, ils sont situés en dehors d'Oslo, ils ont une petite cabine studio, c'est un chouette petit label. Ils produisent aussi d'autres bons groupes psyché et indé sur ce label comme Dark Times, Outer Limit Lotus, Mokri, Foammm. Ils nous ont contactés parce que nous avons joué au by:Larm Festival ( c'est un festival de musique business en Norvège).
Quelle a été votre expérience d'enregistrement pour cet album ?
Joar : L'enregistrement de l'album a été entièrement réalisé dans le studio où nous nous sommes.
Bendik : Oui, nous enregistrons des démos qui deviennent des chansons, bien entendu, et quand nous sommes fatigués d'enregistrer sans mixage, on finit par fignoler tout ça ici même.
Quelles sont vos influences musicales ? Les classiques ou les récentes.
Bendik : On écoute tous des trucs différents, mais lorsque nous avons monté le groupe, nous allions ensemble à de nombreux festivals et on a vu quelques concerts bien cools ensemble. Nous avons vu les Swans probablement cent fois, ça nous a beaucoup inspiré.
Mathias : Ty Segall, A Place To Bury Strangers.
Bendik : Des groupes qui jouent fort et vite. Et tous ces groupes que nous avons vus ensemble ont inspiré notre musique. Mais nous avons tous des bagages musicaux différents.
Tous les groupes que vous me citez ont la réputation de jouer extrêmement fort, on peut dire que vous jouez extrêmement fort ?
Mathias : On essaie de jouer aussi fort qu'on peut !! (rires collectifs)
Bendik : On essaie de jouer très fort jusqu'à ce que notre batteur devienne sourd.
Mathias : Nous avons fait 3 dates en Norvège cette année en février avec Dion Lunadon (le bassiste de D4 et A Place To Bury Strangers), lui, il jouait vraiment très fort !
Bendik : Nous aussi on joue fort mais on a besoin de plus gros amplis. (rires collectifs)
Vous avez fait un concert en Belgique au Magasin 4 de Bruxelles, quel a été l'accueil du public ? Parmi tous les groupes avec qui vous avez partagé l'affiche, duquel vous êtes-vous senti le plus proche ?
Mathias : Les foules bondées sont habituellement statiques, plutôt calmes. Là c'était plutôt marrant, il y avait énormément de mouvement. C'était génial ! Les gens ne nous avaient jamais entendus avant et nous étions la curiosité du jour.
Bendik : Les gens nous ont acheté des disques, les gens du Magasin 4 étaient très sympas, tout a été génial ; du catering au public. Le mec qui nous a programmés a aussi une émission de radio à Bruxelles où il passe énormément de disques, il nous a listés, ça nous a fait plaisir. Je ne sais pas si cette histoire est passionnante mais je voulais la raconter. On a adoré joué avec Veik, un groupe normand qui joue une musique plus calme que la nôtre. Nous sommes tous les deux dans la mouvance psychédélique.
Joar : C'était une super salle de concert !
Pouvons-nous parler de votre pochette d'album ? Votre nom c'est (en français) Porto Oies, il y un chien ou un singe sur la pochette et il s'appelle canard ! On peut parler de logique ou de folie ?
Joar : Je ne suis pas sûr de savoir comment cela est venu.
Bendik : Nous avons aussi une chanson qui parle de chien.
Mathias : Nous aimons les animaux.
Il n'y a pas de chanson qui parle de canards ?
Bendik : On essaie d'enfumer les gens avec tous ces animaux. On crée la confusion avec les titres des chansons mais également avec notre musique. Nous sommes peut-être nous-même confus. Tout comme probablement les gens qui achètent nos disques ! Sur le prochain album il y aura peut-être une chanson sur les chats...
Mathias : C'est un ami du groupe qui a réalisé la pochette, c'est un artiste génial, il s'appelle Henrik Mikkelsgård. Il fait une exposition actuellement à Oslo et il commence à se faire réellement un nom en tant qu'artiste.
Dans le mouvement psyché, les Black Angels sont très populaires aux Etats Unis et en Europe, vous pensez que c'est une chance ou plutôt que cela dessert le mouvement psychédélique ?
Mathias : Les Black Angels sont devenu trop gros.
Bendik : Je ne parlerai pas pour nous car évidemment nous sommes underground. C'est toujours bien de passer du petit groupe que vous êtes, à l'avant-garde puis au mainstream. Mais il faut essayer de ne pas se corrompre soi-même artistiquement.
Mathias : Si les groupes deviennent mainstream et qu'ils changent trop ce n'est pas bon. Je pense que les Black Angels n'ont pas trop changé. Ils restent les mêmes et leurs fans aussi.
Bendik : Pareil pour Brian Johnston Massacre, ils jouent le même type de trucs.
Il y a une vie de nuit à Oslo ?
Bendik : Celui à qui il faut poser la question c'est Mathias.
Mathias : Pour la vie de nuit, c'est la même réponse que pour le mouvement psychédélique, ici, c'est très petit. Il y a de nombreux bars, clubs et pubs et on a des super clubs, plus que dans une petite ville normale, tout dépend de ce que tu cherches. Il y a aussi beaucoup de concerts, Il se passe quand même beaucoup de choses, quand tu prends en compte la distance pour arriver jusqu'en Norvège. Oslo c'est souvent le dernier arrêt en Europe du Nord, parce que c'est vraiment loin des autres villes... avec Copenhague et Stockholm, pour les groupes qui font des tournées européennes
Après en Norvège, il y a aussi les villes de Bergen et Trondheim, mais c'est vraiment loin (rires)
Vous connaissez les groupes avec lesquels vous partagez l'affiche à l'Oslo Indie Fest ?
Bendik : Oui je connais Tape Trash, nous avons déjà joué ensemble mais je ne pourrai pas les voir jouer aujourd'hui. Nous jouons au même moment mais ils sont un étage plus bas. Hilma Nikolaisen c'est joliment bon, elle joue le samedi. Elle fait partie du groupe Serena Maneesh (elle est aussi la mère du fils de Sven Erik Kristiansen, l'un des chanteurs de Mayhem), ce sont les pionniers de la musique noise, indé et psyché en Norvège.
- henrikmikkelsgard.com: Site officiel (9 hits)
Merci Joar, Bendik et Mathias pour l'accueil chaleureux et l'interview.
Publié dans le Mag #56