Pord - Wild Première réaction à l'écoute de Wild de Pord : "putain de bordel de merde" (oui, quand je suis content, je peux être d'une trivialité débordante...). Car si on savait déjà que Pord avait mis la main sur un baril de poudre avec l'excellent Valparaiso, on ne les imaginait pas revenir à un tel niveau avec Wild. Cette fois-ci, c'est sur, le trio est détenteur des clés de la Sainte-Barbe et revient avec 7 titres totalement ravageurs. 7 pistes, ça paraît court comme ça mais ce n'est absolument pas révélateur de la densité de l'album qui mettra à genoux même l'auditeur le plus réticent au genre. Et le genre, bah c'est foncièrement noise. Mais pas seulement, sinon ce serait trop simple.

Dès le premier titre, "Staring into space", c'est la boucherie noise sous influences Amphetamine Reptile : la basse entame les "noise-stilités" puis la batterie et la guitare viennent se tailler la part du cake pour incontestablement asseoir la domination sonore. Une entame d'album carnassière et jouissive qui place d'emblée le niveau très haut. Sauf que la seconde piste, "I'm swimming home", surpasse encore la précédente : une intro' quasi classic-rock (j'ai presque envie de citer Led Zep'...) et un morceau qui joue avec les nerfs, multipliant les cassures rythmiques jusqu'à ce break cinglant et ce final explosif. Mortel de chez mortel. Le reste, c'est aussi de la balle : Pord étire son propos, multiplie les coups de butoir sans pour autant faiblir ni laisser entrevoir ne serait-ce que l'ombre d'un ventre-mou. A ce titre, "On the couch", le dernier morceau, fait figure d'expérience paroxystique avec ses 11 minutes qui commencent le couteau entre les dents puis après une subite coupure, change nettement de tonalité et t'emmène très loin, très très loin avec une digression quasi post-noise-rock : ou comment pervertir sa propre formule pour mieux la sublimer. La classe encore une fois.

Histoire d'être complétiste et me la raconter un peu, les derniers disques noise-rock qui m'ont refilé cette exaltation auditive, c'est le Songs to defy de Doppler et le At the corner of the world de Conger ! Conger !, c'est dire s'il y a du level sur Wild. Vivement le live où le groupe a une réputation pas piquée des vers : les spectateurs présents à la dernière sauterie du label Rejuvenation Records à Paris ont encore les oreilles qui bourdonnent. Wild est disponible via le sémillant label Solar Flare Records (Pigs, Sofy Major, The Great Sabatini...) qui a totalement fait sienne l'expression "avoir le nez creux" en ce qui concerne ses multiples sorties.