Poliça - United crushers Poliça a sorti au mois de mars United crushers, son troisième album, après deux ans de tournée et Raw exit, un EP venant compléter l'œuvre de Shulamith, disque légèrement difficile à digérer au départ mais relevant une autre facette pas forcément mauvaise du groupe. "Lime habit", titre censé annoncer la couleur de ce nouvel opus, surgissait sur le web avec un clip coloré habillé de formes bigarrées au sein desquelles apparaissait le visage de Channy. Une sorte de spectre où la chanteuse se livre façon journal intime. Sans pour autant être le titre phare de ce nouvel album, il enlevait les doutes sur la capacité du groupe à continuer à renouveler ses explorations mélodiques à travers des synthés aux notes à la fois sombres et mélancoliques troublés d'effets surprenants. Une fois la découverte intégrale de United crushers effectuée, on est en mesure de vous l'annoncer : c'est une tuerie ! Mais seulement si vous laisser à vos esgourdes un temps d'écoute relativement raisonnable pour l'apprécier.

Enregistré à El Paso pendant une semaine d'hiver dans le désert vers la frontière mexicaine au Sonic Ranch Studio (Beach House, At The Drive-In, Prong...), dans une zone où la violence et les trafics sont monnaie courante, United crushers revêt quelque peu l'ambiance sonore des thèmes abordés par Channy. Plaqués sur des sujets tantôt socio-politiques, tantôt personnels, les titres déploient, selon leur univers, une ardeur rythmique jusque là inégalée au sein de la formation de Minneapolis. Pour ainsi dire, les meilleurs morceaux de ce nouvel album sont ceux dont les travaux des batteurs Drew Christopherson et Ben Ivascu sont les plus élaborés en terme de motifs rythmiques et les plus puissants en terme d'ampleur. Sans occulter la qualité de chansons un peu plus anecdotiques en terme d'intérêt ("Lately", "Baby sucks", "Kind"), Poliça n'a jamais été aussi bandant lorsqu'il pond des titres comme la suite "Someway", "Wedding", "Melting block" et "Top coat". Et quand le groupe allie l'élégance et la douceur vocale plus les arrangements, cela nous donne une œuvre grandement plaisante. Entre, s'introduisent des titres tendant vers un registre proposé par la formation sur ses anciennes productions ("Lime habit", "Lose you"). La boucle est bouclée avec 12 pistes qui s'équilibrent.

La magie opère car Poliça évolue sereinement dans sa pop inclassable. Le groupe gère son statut et garde ses marques sans relâche, même visuellement comme sur cet artwork où le rouge et l'humain perpétuent la tradition entre la beauté et la vie d'un côté et la violence et le gore de l'autre. Quand tout fonctionne, à quoi bon changer ?