Poliça - Give you the ghost Il y a des sensations que l'on ne peut refouler. Des émotions qui s'installent et qui ne vous quittent plus. Ce fut le cas à Dour cette année lors du passage de Poliça sur la scène de La Petite Maison Dans La Prairie. Voilà un bel exemple de ce genre de groupe, complètement inconnu au bataillon, qui va en 40 minutes vous faire comprendre pourquoi vous avez foutu les pieds dans ce festival ouvert sérieusement (j'insiste sur ce dernier mot) aux belles découvertes. Quelques temps plus tard, après avoir vibré intensément sur le set de la formation de Minneapolis, vous récupérez l'album et là, rebelote, vous reprenez une bonne claque comme il faut. Pour provoquer tout ça, Poliça a compris qu'il fallait mettre ses atouts en place. Guidé par une voix féminine merveilleuse et touchante, celle de Channy Leaneagh (quelque part entre Dolores O'Riordan, Sinead O'Connor et Karin Dreijer Andersson), bien aidée d'ailleurs par une réverbération opulente, des delays parfois immodérés et de l'auto-tune, la musique des américains joue la carte d'une dream-pop froide matinée d'électro dont les rythmes sont remarquablement bien ficelés, hors de la norme pop classique.

Chaque titre de Give you the ghost est un don indescriptible, une succession de bijoux qui s'enchainent sans tergiversation avec une facilité déconcertante. Quand l'aérienne "Amongster" nous ouvre les portes du paradis, "Violent games" nous plonge dans un univers tortueux où les percussions tribales se lâchent. Quand "Form" dévoile sa part de mélancolie, "Fist, teeth, money" entrevoit la lumière grâce à son rythme chaloupé et ses petites harmonies parsemées ici et là. Quand le rythme dub de "See my mother" nous entraîne, "Wandering star" n'est pas loin de nous filer le cafard. Protéiforme, la musique de Poliça reste toutefois sobre dans l'approche, le groupe ne cherche pas midi à quatorze heure pour balancer ses tubes qui reconnaissons-le tombent par moment dans le convenu. Cela n'enlève en rien à la vénusté qui s'en dégage et à l'impression de tenir là l'une des plus belles révélations pop de l'année. Et ce n'est pas les "people" cités plus haut qui le démentiront.